Hindi Zahra : Voyage, voyage
Musique

Hindi Zahra : Voyage, voyage

Avec en poche une création à son image, Hindi Zahra nous rend visite pour la première fois dans le cadre du FEQ. Reflet d’une personnalité nomade qui séduit.

Elle est d’origine marocaine, plus précisément de culture berbère. Ses racines, la Française Hindi Zahra les affiche avec fierté. Cette personnalité nomade confère d’ailleurs un caractère singulier à son travail d’auteure-compositrice-interprète. Lorsqu’on entame la conversation avec l’artiste, qui vient nous présenter ici son premier album intitulé Handmade, on est en face d’une personne volubile qui nous adopte dès les premiers instants.

"Vous savez, j’ai un oncle qui est canadien, indique-t-elle. Je connais un peu le Québec à cause de lui. Sa personnalité et son accent québécois m’ont donné une certaine idée de vous, du moins certaines couleurs. Maintenant, j’aurai la chance de mettre des visages et des images sur votre pays."

Ses images, Hindi Zahra les collecte depuis l’enfance. Cette artiste multidisciplinaire conjugue d’ailleurs la peinture avec la poésie. L’une ne va pas sans l’autre. "Nous sommes des êtres multiples, on doit respecter ça. On se métamorphose dans la vie. Moi, j’aime peindre, chanter, écrire, et je fais de la broderie. Tout ça, c’est moi. Ceux qui ne peuvent créer sont condamnés au malheur. Notre esprit, il est grand et il doit s’enrichir."

Il ne fait aucun doute qu’elle est artiste jusqu’au bout des doigts. Idéaliste même. Elle perpétue avec sérieux une tradition identitaire, et s’enflamme dès qu’il est question d’intégrité artistique. "J’ai grandi dans un pays où l’artisanat est très important. Et maintenant, je vis en France, un pays où l’artisanat n’existe plus. Ce disque, c’est aussi de l’artisanat. Je me suis impliquée dans toutes les facettes de sa création, la réalisation et la production aussi. On le fait ainsi parce qu’on est intègre envers soi-même, et parce qu’on est une femme. Malheureusement, je trouve qu’elles sont rares, les femmes qui s’impliquent de la sorte en musique, et qui contrôlent leur carrière."

Dans un petit appartement de Paris, c’est en compagnie d’un technicien de son et du guitariste Thomas Naim qu’elle a échafaudé cette première production. Elle a ainsi immortalisé Set Me Free, Music et Old Friends, qui puisent toutes au folk et à la musique arabo-andalouse. Elle décrit elle-même ce processus de création comme des sessions d’improvisations qui ne sont que le reflet d’une évolution qu’elle veut constante.

"La chanson Music est très importante pour moi. Elle communique tout l’amour que je porte envers cette forme d’expression. La musique m’apporte beaucoup. Après l’enregistrement de Handmade, il fallait que je conçoive la pochette de cet album. Je suis alors partie au Maroc. J’étais à la recherche d’endroits particuliers et symboliques. Je me suis retrouvée chez un sorcier marocain, un guérisseur. C’est la photo qu’on voit sur la pochette. Cette échoppe avec tous ces bocaux d’herbes médicinales, rangés sur des étagères, c’était significatif. La musique, elle guérit aussi!"

À écouter si vous aimez /
Madeleine Peyroux, Cat Power et Yael Naim