Plume Latraverse et Bernard Adamus : La rencontre
Musique

Plume Latraverse et Bernard Adamus : La rencontre

Plume Latraverse et Bernard Adamus offriront des concerts dans la région cet été. Voir les a fait se rencontrer.

"La première fois que j’ai écouté du Plume Latraverse, j’étais en quatrième année primaire", se souvient Bernard Adamus. "Le Rock’n’roll du grand flanc mou, je trouvais ça drôle. J’écoutais aussi La Bienséance sans trop savoir s’il chantait en français." C’était au milieu des années 80, et grâce à son utilisation du joual, Plume venait de prouver à un kid de neuf ans qu’on pouvait chanter et crier en français sur du blues ou du rock.

Assis en face de Bernard, Plume a beau se défendre, "j’ai pas juste chanté en joual, j’ai déjà opté pour un français international aussi", on se rend compte que les deux arrivent à des résultats semblables. Avec l’instantanéité d’une photo Polaroid, leurs chansons livrées sans inhibition créent un lien de proximité avec les vagabonds marqués du sceau de la marginalité. Si le plus vieux a su dissocier Plume, la carapace, de Michel, le timide qui préfère rencontrer son dentiste plutôt qu’un journaliste, le jeune commence à peine à saisir l’importance de la frontière entre la scène et la vie privée.

"En ce moment, je suis un peu sur le high de mes débuts, analyse Adamus. Comme pour beaucoup d’artistes en pleine ascension, cette frontière est encore floue, mais il y a quelque chose qui me gosse déjà: les gens qui croient me connaître parce qu’ils écoutent mon disque (Brun, lancé en indépendant il y a un an et réédité en novembre dernier par Grosse Boîte). Ça devient fatigant. Non, t’es pas mon chum parce que tu connais La Question à 100 piasses par coeur."

Attentif, Plume rigole. "Quand tu vas défendre ton stock devant du monde, t’es obligé d’être dans le social. Mais quand tu composes, tu te retires et t’as pas à faire face au monde. J’ai reçu des tonnes de lettres de fans qui me disaient voir des affaires sans bon sens dans mes chansons. J’ai reçu des thèses d’université sur Les Pauvres. Pour un rien, je me retrouvais avec un drapeau aux côtés de Luc Picard ou Dan Bigras, c’est au choix. Quand je restais sur le Plateau, personne ne barrait sa porte. Un matin, je me suis levé pis il y avait du monde que je ne connaissais pas qui buvait de la bière dans ma cuisine. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à dire non, à protéger ma vie privée."

Non aux maisons de disques, "parce que je me suis fait fourrer avec mon premier contrat en 1970". Non à la cotisation obligatoire pour une nomination à l’ADISQ, "ils ont fini par me donner un Félix hommage, le seul moyen qu’ils avaient de me récompenser". Non aux spectacles de Douze Hommes rapaillés, bien qu’il ait participé au disque sur lequel des poèmes de Gaston Miron sont mis en musique par Gilles Bélanger, "je voulais juste enregistrer une toune pour le trip de vivre un projet unissant les deux hommes". Non aux chansons en duo, "ma voix est trop laide"… La liste est longue.