Sierra Leone's Refugee All Stars : De réfugiés à nomades
Musique

Sierra Leone’s Refugee All Stars : De réfugiés à nomades

Sierra Leone’s Refugee All Stars, c’est une rencontre providentielle qui a fait passer une poignée d’infortunés de l’anonymat total à la reconnaissance internationale.

"Vous êtes quasiment passés du stade de réfugiés confinés au périmètre d’un camp de brousse à celui de nomades qui vont d’une ville à l’autre et d’hôtel en hôtel, à longueur de semaine…"

"Yeah… Yeah!" fait mon interlocuteur, tout à fait approbateur mais, en même temps, un peu rêveur…

Reuben M. Komora a l’air de l’homme le plus cool de la terre. Au téléphone, on reconnaît tout de suite la voix, mais surtout l’allure posée et la sagesse innée de ce personnage clé dans le formidable documentaire de Zach Niles et Banker White, The Refugee All Stars, qui a fait le tour du monde, témoignant de leur incroyable histoire.

Car quand la guerre civile a éclaté au Sierra Leone en 1997 et qu’ils ont fui vers la Guinée voisine pour éviter la violence aveugle et les massacres en série, Komora et les siens n’avaient aucune idée du temps où ils resteraient là-bas, si c’était pour six mois ou plus.

"Un an plus tard, en 1998, j’étais encore parmi les réfugiés. C’est alors que j’ai réussi à rassembler les talents. On n’avait même pas d’instruments harmoniques, juste nos voix et tout ce qu’on pouvait trouver de percussions improvisées. Dans le camp de Sembakounya, on s’est aperçus de la valeur des musiciens qui étaient parmi nous. Des gens généreux nous ont donné quelques instruments, mais c’est vraiment l’arrivée des cinéastes américains en 2002 et le succès du film qui ont été le levier de notre succès mondial."

Pour résumer leur itinéraire, précisons que les Sierra Leone’s Refugee All Stars sont retournés vivre à Freetown, leur capitale nationale, à la fin des affrontements, en 2003. Quatre ans séparent leurs deux albums acclamés par la critique, mais le deuxième, Rise & Shine, paru cette année sous étiquette Cumbancha, cartonne dans les palmarès reggae et musique du monde un peu partout. Réalisé en Louisiane par le fameux Steve Berlin, leur nouveau répertoire, toujours pacifiste et terriblement contagieux, inclut aussi des rythmes typiques d’Afrique de l’Ouest sur lesquels il est impossible de rester immobile. À part l’irrésistible refrain: "We are the living stone/We are the rolling stone", la majorité des chansons porte la signature de Reuben. "J’ai fait partie d’autres formations, mais c’est la première fois que je dirige un groupe. On écrit plein de trucs en rapport avec notre réalité et on les soumet tous à notre équipe de management. Ce sont eux qui font la sélection des chansons. Tu ne peux pas juger toi-même de l’impact de ce que tu composes. Il arrive que les miennes sont souvent sélectionnées, mais ce n’est pas moi qui les impose."

À voir si vous aimez /
Bob Marley, Burning Spear, Les Espoirs de Coronthie