La Semaine Kent Nagano et l’OSM : Nagano mur à mur
À l’occasion de la Semaine Kent Nagano et l’OSM, événement phare du Festival Orford 2010, les invités du maestro défileront lors de concerts teintés par la foisonnante nature des Cantons-de-l’Est.
Alors que la relationniste de presse de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) tente de joindre Kent Nagano en Europe, où il participe au Festival d’opéra de Munich, on nous fait poireauter en ligne avec de la musique classique. Il s’agit d’une douce attention, mais juste le fait de savoir que le maestro nous accorde quelques minutes de son temps malgré un horaire des plus chargés nous aide à patienter. Après un demi-concerto non identifié via le combiné, on a finalement droit au "bonjour" transatlantique du chef d’orchestre, encore essoufflé d’une répétition, mais heureux de pouvoir discuter de la participation de l’OSM au Festival Orford 2010.
La Semaine Kent Nagano et l’OSM, c’est en fait un festival dans un festival, une belle occasion pour le chef et ses musiciens de renouer avec une tradition qui ne devait pas se perdre. "On se rend régulièrement dans différents événements en périphérie de Montréal, mais cette année, ça nous semblait une bonne chose de retourner à Orford, car l’orchestre y jouait de temps en temps par le passé. Ça faisait un petit moment depuis la dernière fois, alors tout le monde est très enthousiaste", explique celui qui officie à la direction musicale de l’OSM depuis 2006. De plus, l’invitation du Festival Orford revêtait un caractère bien spécial, car elle ne se limitait pas à un seul concert. "On a été invités en tant qu’orchestre en résidence. C’est artistiquement intéressant et je crois que cela a beaucoup excité l’OSM."
Jouer à l’extérieur de la métropole représente beaucoup plus qu’une occasion de démocratiser la musique classique, de rejoindre un nouveau public. Pour Nagano, c’est davantage une question d’atmosphère, la musique y gagnant parfois au change. "Un festival est toujours spécial. Ça donne la chance de revisiter le répertoire dans un tout autre contexte. À Orford, il y a ce contact avec la nature. Ça amène une autre optique, une autre perspective."
LES CHOIX DE KENT
La Semaine Kent Nagano et l’OSM compte 11 concerts soigneusement élaborés par le chef d’orchestre. Parmi la programmation, deux musiciens reviennent plus souvent que les autres. Le premier est Till Fellner. Ce pianiste ouvre l’événement avec un enchaînement des trois dernières sonates de Beethoven, puis le conclut comme soliste pour Nagano et l’orchestre en résidence, avec le romantique concerto de Schumann. "Till Fellner est l’un des pianistes les plus doués de sa génération. Son talent est reconnu en Europe et en Amérique du Nord. Il est très apprécié de notre public à Montréal parce qu’il est venu régulièrement au cours de la dernière saison. Il fait partie de la famille", précise le chef d’orchestre.
Le second peut être considéré comme l’artiste à l’honneur au cours de cette semaine de festivités. Il s’agit de Jörg Widmann. "C’est la première fois que je collabore avec lui pour l’OSM, et ce premier projet va se passer à Orford. Sans exagération, on peut le considérer comme l’un des plus importants compositeurs, et pas uniquement de sa génération, mais parmi tout le monde de la composition qui se fait aujourd’hui. Il est très jeune, mais compose pour les plus grands orchestres au monde."
À Orford, Kent Nagano désire faire découvrir plusieurs facettes de la carrière de Widmann. "Il est aussi un clarinettiste avec une carrière solo assez spectaculaire. Dans le projet avec Orford, on voulait le mettre en lumière comme compositeur, mais aussi comme soliste et chambriste. Il va également travailler avec de jeunes étudiants."
Ainsi, en plus de jouer lors de deux concerts de musique de chambre, Widmann est le soliste invité d’un concert des jeunes musiciens de l’Orchestre de l’Académie Orford (OAO) que dirigera Kent Nagano. En bon didacticien qu’il est, quel sera le principal conseil du maestro aux musiciens de l’OAO? "Ce sera d’essayer de remarquer à quel point il est spécial de jouer lorsque le clarinettiste solo est Jörg Widmann, de vivre l’expérience de jouer Armonica, une oeuvre de Widmann qui sera interprétée pour la toute première fois en Amérique du Nord. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de faire une création, de jouer une oeuvre jamais entendue avant. C’est une grande responsabilité."
Pour connaître tous les détails des concerts du festival, visitez le www.arts-orford.org.