The Walkmen : La marche du studio
Musique

The Walkmen : La marche du studio

Moins de deux mois avant la parution de leur nouveau disque, Lisbon, The Walkmen s’apprêtent à casser leurs nouvelles pièces sur scène à Osheaga.

Que fait un groupe lorsqu’il réalise qu’après une séance studio, les 13 chansons captées en vue d’un prochain disque ne tiennent pas la route? Que sur le lot de compositions, une seule a réellement le potentiel de se rendre jusqu’au produit final, Lisbon, nouveau compact à paraître le 14 septembre? "Il s’inquiète!" rétorque le claviériste des Walkmen, Walter Martin.

C’était en février dernier. À lire l’entrevue qu’a accordée à l’époque le chanteur Hamilton Leithauser au site Pitchfork, tout se déroulait pour le mieux. Le groupe rock aux atmosphères romantiques sombres et urgentes avait une vingtaine de pièces en banque. Après en avoir enregistré quelques-unes à Philadelphie, où résident maintenant plus de la moitié de ses membres, il s’attendait à quasi terminer Lisbon dans un studio new-yorkais. "On ne l’a pas réalisé sur le coup. Ce n’est que quelques jours après l’enregistrement, lorsque les chansons ont décanté, qu’on a constaté leur piètre qualité."

Considéré comme l’un des joyaux de la présente scène rock indé new-yorkaise, le combo n’a pas l’habitude de produire de "mauvaises chansons". Ayant vu la majorité de ses albums se classer dans les palmarès de fin d’année (dont le dernier, You & Me, lancé en 2008), le quintette est réputé pour avoir produit l’un des meilleurs hymnes rock de la dernière décennie: The Rat, paru sur Bows + Arrows en 2004. Partout, les critiques ont souligné le caractère poignant de la voix d’Hamilton, en plus de saluer la complexité et la profondeur du répertoire des Walkmen influencé par le rock garage, mais aussi par la musique calypso, le folk et le punk.

"Même si le résultat des sessions new-yorkaises n’était pas à la hauteur des attentes, nous avions tout de même trouvé la clé qui allait sauver Lisbon: s’inspirer du son du Sun Studio des années 50 (pensez aux premiers enregistrements d’Elvis Presley ou de Johnny Cash). Sans vouloir imiter leur rock’n’roll, nous avions compris que le côté minimaliste dans l’instrumentation nous intéressait. Nous cherchions aussi à reproduire le même type d’écho. Nous avons donc mis le cap sur le Texas pour enregistrer à Dallas avec John Congleton." En quelques jours avec Congleton (qui a aussi travaillé avec les Modest Mouse, Okkervil River et St. Vincent), tout a déboulé rapidement. The Walkmen mettaient en boîte plus de la moitié des pièces de Lisbon.

"Notre défi était d’être le plus simple possible sur le plan de la production, tout en conservant la richesse de nos chansons. On a tendance à l’oublier, mais chercher à simplifier ses chansons est un exercice de création qui donne parfois de bons résultats. Ça rend aussi le processus de composition beaucoup plus facile."

Philadelphie, New York, Dallas… Et Lisbonne dans tout ça? "C’est là que nous avons entrepris le processus d’écriture des pièces, il y a déjà plusieurs mois. Par un temps pluvieux, mais tout de même magnifique, nous y avons d’abord composé la chanson-titre de l’album qui, à notre sens, rend à merveille l’atmosphère grise mais tout de même euphorisante du moment. Cette ambiance a ensuite dicté notre style de composition."

Lancé sur la Toile il y a quelques jours, le premier extrait Stranded et sa section de cuivres témoignent parfaitement d’un désir d’émouvoir tout en berçant l’auditeur dans un univers à la fois mélancolique et grisant à découvrir ce week-end à Osheaga.

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