Weezer : Pour le meilleur et pour le pire
Voilà maintenant 18 ans que Weezer roule sur la hasardeuse autoroute du rock. Un chemin semé de succès, de groupies, de pression et d’échecs.
C’est immanquable. Demandez à un groupe fondé depuis des années quelle fut la période la plus excitante de sa carrière, et la réponse sera "Maintenant!" dans 90 % des cas, et ce, même si les années de gloire du combo sont loin derrière.
"Je ne réponds pas ça dans un élan d’optimisme", explique illico le guitariste de Weezer, Brian Bell. "La communication entre les membres est à son meilleur. Notre entourage est solide et nous n’avons plus rien à prouver, contrairement à l’époque de Pinkerton ou de l’album bleu, ce que plusieurs imaginent comme la période la plus excitante pour nous. Dans les années 90, nous étions dans l’oeil de l’ouragan. Nous ne réalisions pas vraiment ce qui se passait à l’extérieur de Weezer. Il y avait beaucoup d’anxiété dans le groupe. Nous réagissions très mal à la pression. Nous étions jeunes et arrogants. Coucher avec des fans après les concerts peut être amusant pendant un temps, mais c’est construire sa vie affective sur du vide. Maintenant, le ciel est dégagé. Nous sommes plus intelligents qu’à l’époque, plus disciplinés. Nous nous amusons en organisant des trucs qui sortent de l’ordinaire", explique-t-il en faisant référence à ce concert donné sur Times Square et retransmis en direct sur le Web; aux nouvelles opportunités qui s’offrent au groupe maintenant que son contrat avec Geffen est honoré; et à l’invitation lancée à Lil Wayne, entendu sur le dernier disque du groupe: Raditude.
Lancé en novembre 2009, le disque ramène Weezer vers un rock d’aréna pas très subtil qui, comme les précédents Maladroit, Make Believe et l’album rouge, n’a pas fait l’unanimité chez les journalistes de la presse spécialisée. En fait, le prochain succès critique du quatuor (devenu quintette sur scène depuis que Pat Wilson est passé à la guitare et que Josh Freese le remplace à la batterie) sera sans doute pour cette réédition de l’album Pinkerton qui sortira d’ici la fin de l’année, tout comme une compilation de pièces inédites et de faces B également à paraître. Lancé en 1996, Pinkerton s’était aussi fait démolir par la critique, jusqu’à ce qu’une génération de jeunes musiciens pop-punk-emo (Saves the Day, All-American Rejects, Dashboard Confessional) se réclame de l’album à la pochette brune. "Je ne lis pas beaucoup les critiques, mais j’ai bien l’impression que cette fois, elles seront complètement différentes de ce qui a été écrit à la sortie initiale de l’album. Ce qui soulève un point fascinant à propos du travail de critique. Les journalistes qui n’aimaient pas l’album à sa sortie n’auront pas d’autre choix que d’analyser pourquoi il est devenu une référence pour tant de musiciens."
En discutant avec Brian des hauts et des bas de la formation, de ses activités mises sur la glace entre 1997 et 2000, de ses quelques échecs commerciaux et du comportement renfermé du chanteur Rivers Cuomo, on finit par se demander si, à l’instar de Metallica dans le film Some Kind of Monster, Weezer n’aurait pas bénéficié d’un thérapeute de groupe. "Oui, nous avions besoin d’un psychologue jadis, mais malheureusement, nous avons vu le mauvais… Aujourd’hui, on se sert des critiques négatives pour se motiver. Récemment, nous étions sur la page couverture d’un hebdomadaire de Minneapolis. J’étais tout content, mais lorsque j’ai commencé à lire l’article, le journaliste parlait de Weezer comme d’un groupe devenu insignifiant. "Fuck that guy." On a joué ce soir-là pour lui prouver qu’il avait tort. On a donné un sacré concert."
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