Bunny Wailer : Dub Bunny
Musique

Bunny Wailer : Dub Bunny

Bunny Wailer est l’invité-vedette de cette 7e édition du Festival international reggae de Montréal. Entrevue avec un survivant.

Après les décès prématurés de Bob Marley, emporté par la maladie en 1981, et Peter Tosh, assassiné en 1987, Bunny Wailer est le seul membre encore en vie du mythique trio The Wailers. Que serait-il advenu si les choses s’étaient passées autrement, les Wailers seraient-ils à nouveau réunis? À cette question Bunny Wailer n’hésite pas une seconde avant de répondre: "Absolument! Je crois que nous avions encore beaucoup de choses à faire ensemble et le temps aurait effacé nos querelles."

Depuis la séparation du groupe en 1973, Bunny Wailer, né Neville O’Riley Livingston, a créé son propre label, Solomonic, et poursuivi une carrière solo ponctuée de hauts (il nous révèle que son album préféré demeure son tout premier, Blackheart Man) et de bas, alternant entre le style roots, le dancehall et les hommages à Marley, Tosh et autres grands noms du reggae.

Légende vivante de la musique jamaïcaine, Bunny Wailer est longtemps resté loin de la scène avant d’y retourner à la fin de 1982. Depuis, il multiplie les concerts à travers le monde… mais ne respecte pas toujours ses engagements. Plusieurs fans de reggae se souviennent du coup qu’il a fait il y a quelques années au Festival de Jazz de Montréal en empochant, dit-on, l’avance qui lui avait été faite mais en faisant faux bond à tout le monde. Cette fois-ci, Bunny Wailer sera-t-il présent? Le principal intéressé nous assure que oui. "Je serai là à 100 %. Il y a trop longtemps que les gens de Montréal m’attendent. Je vais jouer mes meilleures chansons ainsi que des classiques des Wailers, de Bob Marley et de Peter Tosh. It’s gonna be simmer down!" s’exclame-t-il au bout du fil. "Ce sera une présentation millésimée! Mon concert doit être une expérience familiale qui rejoint toutes les générations et où tout le monde peut chanter à l’unisson. They will see Bunny Wailer deliver!"

TOUCHE PAS À MON POT

Pour une grande partie des artistes jamaïcains, marijuana et musique font bien la paire. Bunny Wailer ne fait certes pas exception, lui qui a de nombreuses fois prôné les vertus de la ganja dans ses chansons. Mais l’herbe est-elle encore pour lui une source d’inspiration aujourd’hui? "La marijuana est le sacrement politique et symbolique de la foi et de l’adoration du rastaman, pour qu’il remercie et fasse l’éloge du Haile Selassie Jah Rastafari! La marijuana existe depuis la nuit des temps, une plante créée par le Tout-Puissant et qui survit encore aujourd’hui. Le roi Salomon et les grands rois d’Éthiopie y ont fait maintes fois référence. C’est une plante qui est au service de l’homme, pas du bétail", ajoute-t-il avant de s’enflammer lorsqu’on lui demande son avis sur les récents troubles qui ont affecté une partie de Kingston et causé de nombreuses morts, lorsque la police a tenté de mettre la main au collet de Dudus Coke, un caïd protégé par plusieurs puisqu’il a financé différentes infrastructures et écoles dans les quartiers défavorisés de la capitale. Les réponses cinglantes de Bunny Wailer, bien trop longues pour être retranscrites ici, démontrent que le chanteur est encore très préoccupé par le sort de ses concitoyens et les ratés du système politique et juridique jamaïcain. Conscious reggae!

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Peter Tosh, Bob Marley, Culture