Gilles Peterson : ¡Otra vez!
Musique

Gilles Peterson : ¡Otra vez!

Gilles Peterson tire le maximum de son périple à Cuba pour le compte de la série Havana Cultura.

Un producteur de rhum qui commandite une série de compilations de musique cubaine… Jusque-là, rien pour garantir quoi que ce soit de mémorable. Mettez ensuite un collectionneur, producteur, DJ et mordu invétéré de toutes choses jazz et "fusion mondialisante" sur le dossier, et vous avez soudainement quelque chose de plus substantiel.

Pilier du mouvement acid jazz à travers ses labels Acid Jazz Records et Talkin’ Loud, animateur à la BBC depuis douze ans et responsable d’une pléthore de compilations house, jazz et world, le Britannique Gilles Peterson a d’abord reçu, de la part d’un site Web consacré à la promotion de la culture cubaine (havana-cultura.com, une initiative du producteur Havana Club), la commande d’un bouquet de chansons reflétant le panorama des nouveaux sons cubains.

Initié aux sonorités du pays durant ses années de collège à Londres, via Irakere, Chucho Valdés et Paquito d’Rivera, et particulièrement féru des rencontres afro-cubaines, il mènerait donc une première razzia éclair dans les bacs de la Havane, laquelle servirait de prélude à un élan plus ambitieux. "Je me suis retrouvé avec 30-40 morceaux que j’aimais beaucoup, on a commencé à faire la compil, puis on s’est dit: "pourquoi on n’enregistrerait pas aussi un album de nouveautés?"", relate Peterson, dans un français impeccable (sa mère est Française).

Paru l’an dernier, Havana Cultura: New Cuba Sound est donc un album double constitué d’un mix de chansons de jeunes artistes croisant influences traditionnelles et courants urbains (Gente de Zona, Doble Filo, Ogguere) et d’un autre enregistré en quatre jours au mythique studio Egrem, avec un groupe monté de toutes pièces. Ce dernier rassemble des piliers de la musique cubaine (dont le pianiste Roberto Fonseca, qui a déjà accompagné Rubén González, Ibrahim Ferrer et le Buena Vista Social Club), les jeunes loups susmentionnés ainsi qu’une jeune chanteuse nommée Danay (que tout le clan a depuis retrouvée en vue d’un premier album solo à paraître). "Plutôt que de juste faire une compil, l’idée était de vraiment entrer en relation avec des gens, de donner une nouvelle plateforme à la musique cubaine", décrit Peterson, fier de la chimie qui s’est développée avec ses nouveaux partenaires. "Quelqu’un comme Roberto Fonseca a un fort héritage jazz, mais il aime aussi beaucoup le hip-hop et la musique électronique. Quand je lui parlais de faire des morceaux de Fela Kuti ou de J Dilla, il comprenait…"

Après avoir récemment donné lieu à une collection de remix, Havana Cultura: Remixed, regroupant des relectures de Louie Vega, Carl Cox, 4Hero et autres, le projet fait maintenant l’objet d’une version live, que Peterson mettra à l’essai chez nous dans le cadre du festival Havana Cultura, qui se tient du 12 au 14 août. "Live, c’est plus ou moins le même groupe qui a enregistré l’album, avec Fonseca, Danay et Ogguere, ainsi que Telmary, une chanteuse cubaine qui habite à Montréal", décrit Peterson, qui donnera aussi un DJ set lors de sa visite. "Pendant que le groupe joue, je mets aussi des sons, de l’atmosphère… Mais pas trop, quand même, puisque ça n’est pas vraiment un album de musique électronique!"

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Buena Vista Social Club, Thievery Corporation, Nuyorican Soul