Louise Bessette : La nature en musique
En compagnie d’autres musiciens, Louise Bessette rendra un vibrant hommage au compositeur Gilles Tremblay, l’Olivier Messiaen du Québec.
En 2009, la Série hommage, dirigée par la Société de musique contemporaine du Québec, a braqué son projecteur sur Gilles Tremblay. Point de surprise, le compositeur québécois a une carrière qui s’étire sur une cinquantaine d’années et ses dons de pédagogue en ont fait un professeur réputé au Conservatoire de Montréal.
Pour ce concert-hommage qui sera présenté au Domaine Forget, la pianiste Louise Bessette fera partie des interprètes (avec, entre autres, la marimbiste Marie-Josée Simard et la flûtiste Marie-Hélène Breault) qui feront rayonner une partie de son oeuvre. Pour la pianiste, il était impossible de ne pas y jumeler quelques oeuvres d’Olivier Messiaen, son compositeur de prédilection.
"Dans l’oeuvre générale de Gilles Tremblay, on distingue un langage qui lui est propre. Mais on remarque aussi des affinités avec Messiaen. Surtout en ce qui a trait aux timbres et aux couleurs. Dans l’harmonie aussi. Et l’intérêt que porte Gilles à la nature et ses éléments caractérise son travail, tout comme celui de Messiaen", nous explique-t-elle, en faisant référence à la passion du compositeur français pour l’ornithologie.
Pour cette soirée, elle a choisi quatre pièces pour piano solo de Tremblay. "C’est en fait l’intégrale des pièces pour piano solo de Gilles Tremblay, constate-t-elle. Il y a Phases et Réseaux, qui furent écrites à la fin des années 50. Ensuite Traçantes, qui date de 1976, et Musiques de l’eau. Cette dernière pièce se retrouve aussi dans son dernier opéra [L’eau qui danse, la pomme qui chante et l’oiseau qui dit la vérité, composé entre 2004 et 2007 sur un livret de Pierre Morency, qui participera lui aussi au concert]. J’avais assisté à la création et on reconnaît des fragments de Musiques de l’eau à travers."
L’univers musical parfois mystique de Messiaen rejoint aussi l’intérêt marqué de Tremblay pour la contemplation. C’est d’ailleurs ce dernier qui avait déclaré dans les années 60: "Je souhaiterais que tous les gens puissent percevoir les sons de la vie comme si c’était de la musique, car cela en est et on ne le sait pas." Une philosophie qui s’imbrique à sa vision musicale et à sa démarche esthétique.
"Gilles Tremblay est un ami, indique Louise Bessette. Je le connais depuis la fin des années 70, alors que je suivais ses cours d’analyse musicale au Conservatoire. J’ai toujours cultivé un intérêt marqué pour le répertoire contemporain. Découvrir de nouvelles oeuvres, échanger avec les compositeurs et les interpréter. Ça, c’est toute ma vie! Très tôt dans ma carrière, les oeuvres de Gilles Tremblay s’imposaient. Surtout parce que sa musique rejoint celle d’Olivier Messiaen. Pour ce dernier, on remarque la richesse des couleurs et des timbres; impossible d’occulter cette dimension. En tant que pianiste maintenant, je me concentre sur la sonorité et ses nuances. Il y a la technique, mais pour moi, le rapport que cultive l’instrument avec l’acoustique doit primer."
À écouter si vous aimez /
Mozart, Edgard Varèse et Olivier Messiaen