Luundo Dunia : Chants de résilience
Musique

Luundo Dunia : Chants de résilience

Du 11 au 15 août, le Festival des traditions du monde de Sherbrooke témoigne de notre ouverture à la diversité, aux autres cultures. Lumière sur un exemple patent de cet esprit de partage et d’accueil: Luundo Dunia.

Pour saisir toutes les nuances de la voix kaléidoscopique de la chanteuse Luundo Dunia, il faut connaître le difficile parcours de cette néo-Sherbrookoise. Même si son histoire est triste, sachez qu’elle finit bien.

ÉTERNEL RECOMMENCEMENT

Originaires de la République du Congo, Luundo Dunia et sa famille ont fui la guerre pour se rendre dans des camps de réfugiés en Tanzanie alors qu’elle avait neuf ans. "À cet âge, je commençais à distinguer le bon du mauvais, explique-t-elle. Mes souvenirs d’avant la guerre sont disparus et ceux que j’ai de la guerre sont gelés en moi. Toutefois, je sais qu’enfant, je chantais avec mes frères à la maison, ainsi que dans une petite chorale."

Dans les camps, la vie n’était pas rose, loin de là. "Il y avait beaucoup de problèmes: le manque d’eau potable, les abus… On est restés là des années." Le secret de sa résilience: son père. "Il m’a bien gardée hors de tout ça. En fait, toute la famille fut là pour moi." Il faut savoir que Luundo a souvent besoin d’être accompagnée car elle a un grave problème de vision et ce, depuis sa naissance (elle est aveugle à environ 85 %). "Aujourd’hui, je vois un petit peu, mais ça diminue tous les jours. On dit que quand Dieu ne t’a pas donné une chose, il va t’en donner une autre. Peut-être qu’il m’a donné la voix. Tout cela, c’est très grand pour moi."

Après quatre ans d’efforts et de démarches du père de Luundo, certains membres de la famille Dunia s’envolent enfin pour le Canada. Ainsi, cela fait cinq ans que la jeune chanteuse est au Québec, à Sherbrooke. Ici, elle aime sa vie, mais plusieurs défis demeurent. "L’intégration est difficile. Ma vie a toujours été en désintégration; il faut toujours s’adapter. J’arrive à un endroit et je recommence au début. Mais ici, ce n’est pas comparable. Ici, c’est fantastique."

CONGO-QUÉBEC

Dans la musique de Luundo Dunia, on peut entendre le Congo, mais si on tend l’oreille, on discernera les traces de sa terre d’accueil. "Il y a les rythmes de mon pays, mais aussi ceux d’ici par les musiciens québécois avec qui je travaille. Parfois, mon frère leur dit de jouer d’une certaine façon. C’est donc davantage congolais, mais il y a un peu du Québec dans ma musique."

Après un premier disque, Le sang qui coule, sur lequel elle chante en français sur des airs colorés tout en exorcisant les démons de son passé, la chanteuse est déjà prête pour le suivant. Lorsqu’on la questionne sur les sujets de ses nouvelles compositions, elle nous récite un texte récent. "Ça témoigne de la joie d’être sortis de la guerre, d’être ici, de voir à quel point les gens s’occupent de nous. Je peux parler du Québec, car c’est ici que je suis." Est-ce qu’on peut déduire que le second album sera plus joyeux dans le propos? "Oui, mais ce que j’ai vécu m’habite encore. De plus, ce que je vois à la télévision me fait du mal. La semaine passée, on montrait une femme violée par cinq hommes au Congo. Ça me donne des douleurs. Ce qu’on a traversé, des gens passent encore par là et c’est insupportable." La chanteuse a beau avoir quitté le Congo, une partie d’elle s’y trouve encore.

SANG CHAUD

Lorsqu’on demande à Luundo Dunia comment elle se sent sur scène, elle nous répond avec l’enthousiasme d’une enfant. "Je me sens bien, fière de moi, à l’aise… C’est mon sang, tout ça! Mon vécu m’a donné le courage de chanter et en spectacle, les gens peuvent s’attendre que ça va chauffer! (rires)"

Le 12 août
Sur la scène Bell à 18h30
Au bistro SAQ à 22h30

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VOIR RECOMMANDE…

Scène Bell /

Karim Saada (synthèse de musiques algériennes)

Le 11 août à 21h

Djoumbush (musique turque fusionnée au jazz)

Le 12 août à 20h

Le Bal à l’huile (musique traditionnelle québécoise)

Le 13 août à 19h45

Jam Experience Live (spectacle percussif et interactif)

Le 14 août à 22h

Wayne Stoute & Tropical Pan3 (rythmes traditionnels trinidadiens de type steel band)

Le 15 août à 17h15