Michael Kaeshammer : Et pop la vie!
Michael Kaeshammer partage son temps entre le studio et la scène. Pourquoi choisir alors qu’on a tous les talents et que la scène est devenue un terrain de jeu?
Le pianiste et chanteur Michael Kaeshammer est inspiré et il échafaude la suite de Lovelight, son dernier album. L’interprète semble mordre dans la vie et celle-ci lui sourit. Il nous avoue que ce chapitre heureux de sa carrière nourrit l’écriture de sa prochaine production. Le trio qu’il forme avec Mark Rodgers (contrebasse) et Mark McLean (batterie) s’adonne déjà à quelques sessions de studio productives tout en voyageant en Europe pour une tournée. On peut s’attendre à mettre la main sur le nouveau disque en novembre prochain.
"Il y a quelques pièces sur cet album qui correspondent à un canevas bien précis, décrit-il. Une bonne chanson peut se résumer à trois minutes. Lorsque tu te concentres sur cette dynamique, l’exercice devient très intéressant et surtout très agréable. Mon but n’est pas de faire une performance musicale tape-à-l’oeil et virtuose. C’est aussi d’écrire et d’interpréter de bonnes chansons."
Difficile de placer Kaeshammer dans une catégorie musicale. Nous avons été mis en contact avec son jeu pianistique flamboyant grâce au style boogie-woogie, dont il a fait sa marque de commerce. Mais après plus de 10 ans de carrière, l’interprète s’est métamorphosé. Il continue toujours de faire une synthèse des styles, en passant par le stride et le ragtime, mais il s’affirme maintenant comme chanteur et auteur-compositeur-interprète.
"Je ne me vois pas seulement comme un musicien jazz. Je suis un musicien, voilà tout. Je n’ai pas besoin d’une spécialité. Je m’intéresse à trop de choses pour faire ça. Je suis pianiste, alors je suis tombé dans le jazz très jeune. À mes débuts, c’était naturel, je carburais au jazz! Mais, je n’ai jamais essayé d’être un musicien jazz à tout prix. Les artistes se cassent la tête parfois à vouloir devenir quelque chose de très spécifique pour se cloisonner dans une catégorie musicale bien précise. Pour ma part, je n’ai pas de difficulté à admettre que j’aime Coldplay. C’est un bon groupe et il écrit de bonnes mélodies. On peut apprendre de ça."
Nous sommes donc à mille lieues du puriste qui fait du répertoire jazz un art précieux et presque sacré, comme un Keith Jarrett, par exemple, semble nous le rappeler à chacune de ses apparitions en public. Kaeshammer, lui, est plutôt cool et possède le talent d’un jeune prodige qui s’amuse avec tout.
"Je ne sais pas ce qui s’est produit avec le jazz en cours de route. Quand tu regardes les carrières de Louis Armstrong, Ella Fitzgerald et Billie Holiday, tu constates que c’était la musique pop de cette époque. Même chose pour Nina Simone et Frank Sinatra. Si Louis Armstrong s’était abstenu d’avoir du plaisir pour ne faire que du jazz "sérieux", je ne pense pas qu’il aurait enregistré Hello Dolly. C’est important de se rappeler cette période où la musique pouvait être une activité professionnelle beaucoup moins compliquée et plus spontanée. On pouvait avoir du plaisir aussi."
À écouter si vous aimez /
Jamie Cullum, Jelly Roll Morton, John Pizzarelli