La Patère Rose : La Patère outre-mer
Après une tournée française en première partie de Mika, et avant la parution de son premier album chez nos cousins cet automne, La Patère Rose lance au Québec un nouveau maxi de quatre titres.
Imaginez un peu la tronche de la chanteuse Fanny Bloom lorsqu’elle apprit que son groupe, La Patère Rose, un trio habitué de jouer devant deux ou trois cents personnes, était retenu pour réchauffer l’ambiance lors des concerts de la tournée française de Mika, l’exubérante mégastar.
Ainsi, en 12 jours, le groupe québécois donna 10 représentations dans des salles pouvant accueillir jusqu’à 20 000 spectateurs. "C’est après nous avoir vus jouer au M pour Montréal que les gens de la compagnie Alias, aussi tourneur pour Mika, nous ont recrutés, confie Fanny. Ils ont soumis notre dossier à l’équipe de gérance du chanteur, qui a retenu notre candidature pour assurer ses premières parties."
Un rêve qui faillit tourner au cauchemar avant même de débuter lorsqu’on communiqua avec le groupe dans son déplacement de Paris à Marseille, où avait lieu le premier arrêt du périple à la fin du mois d’avril. Pour la première fois, Mika venait d’entendre La Patère Rose sur MySpace. Il n’aimait pas. Vraiment pas, au point de remettre en question la participation du groupe à ses concerts. "On a complètement paniqué. On ne savait plus si on jouait le lendemain ou si on devait retourner à Montréal. Puis, on a constaté que notre MySpace avait été piraté par un groupe métal. Toutes nos chansons y avaient été remplacées par des tounes pas rapport. Des gens lui ont expliqué la situation, mais disons que ça commençait mal. On nous a dit que Mika tenait à voir notre prestation le lendemain afin de donner son accord."
Quelques jours plus tard, Mika était copain avec La Patère, et Fanny jouait même de l’accordéon sur une pièce de son spectacle. "Le dernier soir, il a regardé tout notre concert depuis le côté de la scène", explique la chanteuse qui dit n’avoir rien changé de son attitude scénique lors du voyage. "On ne savait pas trop comment réagir. C’est certain que l’énergie de la foule était 1000 fois plus intense que lors des petits shows au Québec, mais avec les lumières dans le visage, il était impossible de réellement constater l’ampleur de la foule pendant que je chantais. Je faisais plus attention à ma diction et je me suis aussi amusée avec la foule qui réagissait au moindre tapement de mains. Je leur donnais des ordres. Chantez ci, faites cela. On s’était fait dire que les artistes en première partie étaient souvent boudés par le public français, mais ça n’a pas été le cas."
Le calme avant la tempête
Avant de repartir pour l’Europe plus tard cet automne et de souligner la parution de son premier album en France sous étiquette Naïve (Benjamin Biolay, Carla Bruni) le 14 septembre, La Patère Rose a profité de l’été pour enregistrer Waikiki, un maxi de quatre titres qui marquent une coupure avec le précédent gravé. Plus tempéré qu’explosif, le groupe s’y est assagi, passant ses chansons dans un filtre davantage inspiré par la chanson que par l’électro ou le rock. Sans se prendre au sérieux pour autant, la formation complétée par le claviériste-échantillonneur Roboto et le batteur-DJ Kilojules (tous deux de Misteur Valaire) accouche d’une pop débridée aux pointes de banjo, de guitare hawaïenne, de claviers et de jouets pour enfants. La facture demeure minimaliste. "Cette direction était voulue, mais il ne faut pas penser que c’est le nouveau son de La Patère Rose. Nous avons enregistré les pièces (dont une nouvelle version de Décapote) en trois jours dans un chalet. On voulait ça simple et relax. J’avais pas envie de m’énerver. C’est comme une brèche dans le temps qui nous permet de produire un petit maxi d’été accessible, d’où le lancement dans un parc, à Montréal. À la limite, c’est presque pas un EP de La Patère Rose, c’était juste pour nous sortir de la routine."
Certains ont la routine plus fascinante que d’autres.
La Patère Rose
Waikiki
(Grosse Boîte / Select)
En magasin le 24 août
À voir si vous aimez /
Camille, Ariane Moffatt, Coeur de Pirate