Manu Militari : Garçon d'honneur
Musique

Manu Militari : Garçon d’honneur

Après le succès de son album Crime d’honneur, Manu Militari ne souhaite pas rester assis sur ses lauriers.

Tranquille, la saison estivale? Pas pour Manu Militari. Huit mois après avoir lancé son second album, Crime d’honneur, le rappeur montréalais pense déjà à l’étape suivante. Et pas qu’un peu.

"En ce moment, je cherche beaucoup. J’écris énormément, tout le temps. Le jour, la nuit, le matin… N’importe quand! J’en mange, j’me tue carrément à l’ouvrage", témoigne l’ex-membre du groupe Rime organisée. "J’écris des pages et des pages, je jette 90 % de ce que j’écris, mais ce que je garde, ça claque!"

Au moment de lancer Crime d’honneur, Manu me disait pourtant avoir souvent besoin de la pression de l’imminence d’une date de sortie d’album pour bien créer. Après avoir achevé son dernier disque, il disait ne point avoir écrit une ligne depuis des mois. Quelle mouche l’a donc piqué? "J’ai maintenant une autre forme de pression, qui est celle de vouloir vivre de ma musique et de vouloir que mon prochain album soit encore meilleur! Je veux me dépasser!" rétorque-t-il du tac au tac. Attendre trois ans pour lancer une suite à Crime d’honneur, comme ce fut le cas après le premier, Voix de fait, en 2006? Pas question. "J’ai la chance, en ce moment, de réaliser un rêve d’adolescence. Il faut que je la prenne au vol!"

C’est ce qui arrive quand, comme Manu Militari, on est l’une des rares voix à vraiment faire l’unanimité auprès de la communauté hip-hop québécoise. Crime d’honneur s’est écoulé à près de 8000 exemplaires, un "score" rare pour le genre et pour un artiste ne bénéficiant d’aucune diffusion radiophonique. À défaut de rendre riche, ce type d’accueil est du genre à fouetter. "Je veux amener ça à un autre niveau, pour le prochain. C’est pour ça que je travaille fort, souligne le rappeur. Je n’ai pas de grosse machine derrière moi, mais j’ai un public fidèle. Je ne crains pas de le perdre demain matin. Il ne me suit pas parce que c’est une mode. Mon son n’est pas à la mode. Ça ne peut qu’aller en augmentant, parce que je n’ai pas l’intention de décevoir!"

Et cette unanimité, dans un monde divisé comme celui du hip-hop local, il l’explique comment? "Ben, premièrement, j’ai un historique, j’ai une démarche… Je n’ai jamais été opportuniste, je ne fais pas de featurings, je ne joue pas de game comme beaucoup font, avance Manu. Les rappeurs s’inspirent trop souvent des États-Unis… La game est payante, là-bas… Mais pas au Québec. Alors, avoir l’air d’un clown pour pas faire une cenne… Non merci!"

ENGAGEZ-VOUS, QU’ILS DISAIENT

Adepte des sujets troubles (guerre, pauvreté, moeurs à la dérive…), mais bien décidé à éviter la redite, Manu dit compter parmi ses nouvelles créations un morceau sur l’Afghanistan. "C’est la réponse à Ryan (un extrait de Crime d’honneur), si tu veux, racontée de l’autre côté du front, d’une façon assez explosive", décrit-il. Quelques-unes des nouvelles livrées ont déjà rejoint son répertoire de spectacle. Impossible, cependant, d’évaluer quand ce troisième chapitre sera prêt. "Faut que ça soit bon et faut que ça surprenne. C’est tout ce qui compte!" insiste-t-il.

Féru de lecture, Manu surprend quand on lui demande son inspiration du moment. "Présentement, je relis pour la énième fois La Peau de chagrin, d’Honoré Balzac. Je crois bien que c’est son meilleur." De ce passionné du Moyen-Orient, on se serait attendu à des lectures plus austères, comme le Coran, quelque ouvrage philosophique, politique ou polémique. Manu en profite pour mettre les points sur les i: "Je n’ai pas l’impression que ma musique est si engagée que ça. Les injustices m’inspirent, apportent de l’eau à mon moulin, mais je ne glorifie pas mes sujets et j’essaie de montrer les deux côtés de la médaille. Dans ce sens-là, je pense rejoindre Balzac. C’est du travail narratif. Je suis un conteur d’histoires."

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IAM, Sans Pression, le Wu-Tang Clan

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Après six ans, la mission du Festival urbain est toujours la même, soit d’organiser un événement pour et par les jeunes. Voilà pourquoi l’art du graffiti, le skateboard, le break dance et la musique urbaine continuent d’être au coeur de la programmation. Pour cette édition, le festival souhaite cependant élargir un peu son public. Ainsi, il proposera quelques nouveautés: des spectacles d’humour avec des artistes de la relève, dont deux finissants de l’École nationale de l’humour (Jérémie Larouche et Pierre-Luc Pomerleau); une exposition de graffitis au Musée québécois de culture populaire (L’Heure est graff!); l’ajout d’une scène gratuite. Par ailleurs, le principal intérêt de l’événement reste ses concerts sur la scène principale: JMC Projet, Misteur Valaire, Koriass, Dramatik, Naïd, Manu Militari et plusieurs autres noms connus de la scène hip-hop. Du 20 au 22 août, au Parc portuaire de Trois-Rivières. www.festivalurbain.com (Karine Gélinas)