Alex Nevsky : Un garçon dans le vent
Alex Nevsky, nouveau venu de la scène québécoise, crée avec son premier album une des meilleures surprises francophones de l’année. Attention, qualité pop.
Porté par une rumeur favorable, brillant dans les concours, on attendait Alex Nevsky. De lune à l’aube, son premier essai, confirme les promesses. La pop est façonnée à l’anglaise, excitant métissage entre The Beatles et Étienne Daho. La mélodie est à l’honneur, le velouté de la voix. On entre dans cet univers, on sourit, on danse, à l’écoute de chansons tantôt légères, tantôt pudiquement évocatrices. Ce jeune homme a le nez au vent, qui souffle dans la bonne direction.
"Je suis passé par les concours et l’école de chanson de Granby parce ça me semblait la voie la plus rapide, tant pour l’apprentissage que le dépassement. Je suis un peu paresseux, et ça me bottait le cul pour en faire deux fois plus. On me mettait au pied du mur dans le choix des interprétations, dans ma façon de chanter", raconte Nevsky au bout du fil.
Au contact du hip-hop, l’adolescent avait d’abord développé un goût des mots, de l’écriture. Mais ça ne lui a pas suffi: "J’avais envie de créer, mais je n’avais jamais été en contact avec aucun instrument de musique. Puis, un de mes amis est arrivé avec une guit chez nous: il y a eu un déclic. Ça s’est enchaîné, je suis entré à Granby, j’ai appris le piano et la guitare."
Sur son opus, le piano est vaporeux, enveloppant, et la guitare, enlevée. Parfois on retient sa respiration pour mieux écouter, parfois on s’agite, pris par les rythmes. Un disque qui, selon son auteur, est mi-sombre, mi-léger. Disons que la combinaison entre les tonalités se passe bien. Et une certaine rugosité rappelle ses origines de jeune rappeur.
"Quand j’ai commencé à écrire des chansons, je me suis mis à écouter Perreau, Dumas. Leloup, je le connaissais déjà, mais je me suis plus mis dans son oeuvre. Et aussi Radiohead, Coldplay." Presque pas de chanson française. Daho, le maître de la pop francophone novatrice? Il avoue ne pas connaître. Il cite plutôt Brel, Bénabar et Camille. Étrange mélange, qui donne pourtant de très bons résultats.
La rencontre décisive pour Nevsky a peut-être été Yann Perreau, qui signe la réalisation de l’album, en plus d’y jouer et de concevoir certains arrangements avec le chanteur. "Je l’ai rencontré il y a quatre ans dans un cours de gestion de carrière. J’ai fait sa première partie. Ensuite, j’ai eu une bourse et je ne savais pas quoi faire avec tout cet argent. Je lui ai demandé conseil, on a commencé à travailler ensemble sur mon démo. Ça a si bien été qu’on a enchaîné pour le disque. J’amenais l’essence des chansons, et Yann m’aidait pour les refrains, les bridges… Je sortais du hip-hop; les structures, ce n’était pas mon fort."
À deux, ils ont effectué un excellent travail, concoctant une pop savoureuse, assez originale, qui se blottit dans la tête à la manière d’un lierre: ça s’enroule en soi et ça ressort par la bouche ou dans un mouvement des reins.
Alex Nevsky
De lune à l’aube
(Audiogram/Select)
En magasin le 31 août
À écouter si vous aimez /
Dumas, Yann Perreau, Alexandre Désilets