High Tone : Le bon ton
Le dub live de High Tone et ses compatriotes: une belle anomalie.
Bon an, mal an, depuis une dizaine d’années, la France nous envoie l’un ou l’autre de ses nombreux groupes de dub live: High Tone, Zenzile, Kaly Live Dub, Improvisators Dub… Clairement, l’Hexagone a développé une spécialité en la matière. Dominique Peter, batteur du quintette lyonnais High Tone – l’heureux élu de 2010, déjà venu chez nous par le passé -, acquiesce, mais serait bien en mal d’expliquer. "Je ne sais pas, peut-être que c’est dû à l’importance, chez nous, des cultures hardcore, punk et alternative, qui ont amené bien des gens à s’intéresser au dub", opine le musicien, tout en ajoutant que ces groupes ont été formés par des musiciens qui "n’étaient pas trop machine"…
En décrivant le lien fraternel unissant toutes ces formations nées quasi simultanément, à la fin des années 90, sans que l’une n’ait nécessairement connaissance de l’autre (ère pré-Internet, yo), Peter donne un petit coup de pouce à qui aurait encore peine à les distinguer les unes des autres (confusion des plus légitimes). "On est vraiment des amis proches, avec un peu les mêmes valeurs, un peu les mêmes goûts musicaux de base, même si tout le monde a ses affinités. Zenzile va être plus rock; les Impro sont vraiment dub UK; nous, on est plus électro, on a plus trippé sur la jungle, la techno, tout ça. Les Kaly, ils sont plus psyché… Voilà, quoi, tout le monde a bien sa couleur, on se suit bien, de près, de loin… Il n’y a vraiment pas de compétition."
Out Back, cinquième et nouvel album de High Tone, est à la fois une profession de foi et une remise en question de la formule de dub live – "une anomalie", convient Dominique, puisque le genre né en Jamaïque se faisait originairement sur console, en studio. "Ce disque a vraiment été pensé studio, sans se donner de contraintes pour le live", décrit le musicien à propos de l’opus double, dont le premier volume rassemble un matériel plus typiquement dub, tandis que le second inclut des expérimentations plus ambiantes, "différentes de ce qu’on faisait avant".
S’il constate que, ce faisant, le clan est souvent revenu à son point d’attache (le dub), Peter estime le résultat concluant. "C’est sûr que ce n’est pas la face blanche et la face noire, c’est complémentaire, mais ça nous laissait quand même la place pour essayer des choses. Et je préfère le résultat que des albums trop denses et bavards, où tout est condensé."
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