Les Gorilles aux mains rouges : Terre africaine
Après une dizaine d’années de silence, Les Gorilles aux mains rouges refont surface avec un mini disque pop alternatif: Les Chroniques de voyages.
À la fin des années 90, la formation techno Les Gorilles aux mains rouges marquait la scène de la musique mauricienne. Tellement que, même plusieurs années après que le projet monté avec Michel Martel eut été abandonné, le percussionniste Christian Laflamme continuait d’y être associé. "C’est un segment de vie qui a été ben fort, ben intense, commente-t-il. Et qui a laissé des traces dans l’imaginaire des gens. Il y a des choses qui sont restées dans leurs têtes: le nom, la scène, ce que ça générait comme énergie. Et ça, ça m’a toujours suivi comme une tache." Alors, quand est arrivé le moment de donner un nom à son nouveau projet solo, le choix n’a pas été difficile. "J’aime le nom, j’aime la résonnance. Comme les gens locaux le connaissent, pourquoi ne pas le reprendre?"
Mais que les fans des Gorilles soient avertis, le disque Les Chroniques de voyages ne reprend pas où la formation trifluvienne les avaient laissés. Misant sur une pop alternative, l’enregistrement se veut une sorte de bédé pour les oreilles. "C’est l’histoire d’un globe-trotter [Momo]; il lui arrive toutes sortes de petites aventures, il rencontre toutes sortes de monde", raconte le concepteur du spectacle Tapiskwan Sipi présenté dans le cadre des Fêtes du 375e anniversaire de Trois-Rivières. "Tout est fictif. Comme je dévore des bandes dessinées, l’idée du départ, c’était des croquis. Je me disais: "Momo ressemble à ça, un tel ressemble à ça…" Mais rapidement, j’ai réalisé que ce n’était pas ma culture, la bande dessinée, je n’avais pas ce qu’il faut pour entrer là-dedans. Ça fait que ça s’est transformé ben vite; j’ai transposé mon idée dans un sketch de musique. C’est très hermétique, l’histoire. C’est loin des trucs intellectuels. C’est plus près du groove, de la folie spontanée." Un voyage d’environ 23 minutes sur la terre des lions et des griots. "Les aventures ont commencé sur le continent africain. Et elles vont se poursuivre, ailleurs et ailleurs. Ce projet, c’est un beau véhicule parce que ça ne me met pas dans un coin serré. Ça ouvre à toutes les musiques et d’une façon qui n’est pas lourde", soutient celui qui veut s’éloigner à tout prix des chansons d’amour et introspectives.
UN VIEUX PROJET
Si Tapiskwan Sipi en 2009 a été la bougie d’allumage, le projet Les Chroniques de voyages mijote depuis un peu plus longtemps dans la tête de Laflamme: "Il y a là-dessus des tracks de percussions que j’ai faites dans les dernières séquences des Bebeats au Maquisart. Toutes les tracks de fer. J’ai pris énormément de métaux recyclés, énormément de stock que j’utilisais avec les Gorilles, mais d’une autre façon, beaucoup moins contemporaine, plus musicale. Je voulais avoir ce son-là: terreux, métallique. C’était ben important pour moi et c’est omniprésent sur toutes les chansons. Pour ce qui est du reste, j’ai commencé l’écriture autour de 2008." Une pause, puis il enchaîne: "C’est quelque chose que j’ai toujours fait entre deux autres projets parce qu’il faut que je vive, que je paie mes bills. Ça fait que je fais tout plein de projets de composition pour d’autres artistes, pour d’autres affaires. Ça n’a pas été un focus intense."
Pour la suite des choses, Laflamme, qui a entre autres pu compter sur le talent de Marie-Anik Châteauneuf (percussions), Louis Gagnon (guitare), Yves Loiselle (basse) et André Chiasson (saxophone) en studio, espère que Les Chroniques de voyages puissent, un jour, prendre toute leur folie sur scène. "Je ne sais pas si je vais être capable de trouver tous les fonds nécessaires pour mettre ça en branle live. Mais ce n’est pas grave. Ce qui était important pour moi, c’était d’avoir le petit voyage. Avec ça, ça va être pas mal plus facile pour moi de construire une équipe que quand c’était dans ma tête."
Les Gorilles aux mains rouges
Les Chroniques de voyages
(Indépendant)
À écouter si vous aimez /
Alain Bashung, la voix d’Arno