Martha Wainwright : Mes fantômes d’amour
Grosse année pour Martha Wainwright, de retour au Québec pour chanter Piaf avec toute l’intensité et la fougue qui la caractérisent, avant de regagner son cocon pour plancher sur de nouvelles compositions.
À l’été 2009, alors que l’album Sans fusils, ni souliers, à Paris n’était pas encore paru, le spectacle en français qu’avait donné Martha Wainwright dans le cadre des FrancoFolies de Montréal avait suscité beaucoup d’intérêt… Et un peu de déception aussi, il faut l’admettre, car le résultat n’était pas tout à fait au point. Depuis, les chansons ont eu le temps de se frayer un chemin en elle et, en prime, Martha se produit avec les musiciens qui ont collaboré à l’enregistrement de son album live en hommage à Édith Piaf. "Il y aura un quatuor à cordes, des cuivres et un pianiste. Les chansons que j’interprète ne seront pas toutes les mêmes, le répertoire est si vaste", dit la chanteuse, attrapée quelque part dans le nord de la Californie, où elle assure la première partie du spectacle de son frère Rufus.
Quiconque a vu Martha Wainwright s’approprier les airs de la Môme comprend que si l’association surprend au départ, elle va presque de soi quand on y pense: deux femmes intenses, qui déploient une émotivité à fleur de peau et donnent tout. Il faut voir Martha enfiler Les Blouses blanches. "C’est vraiment le texte qui me dirige, je me connecte aux mots et le désir de livrer l’histoire me vient naturellement. Je n’ai jamais essayé d’endosser le personnage, mais quand on chante Piaf, son âme entre dans la salle. Elle arrive, inévitablement, se présente. Difficile de se distancier d’une figure aussi iconique, c’est la quintessence même, et je pense que les chansons commandent cette intensité", révèle Martha, qui se dit désappointée par le film La Vie en rose, mettant en scène Marion Cotillard. "Je trouve qu’ils y sont allés un peu fort dans la représentation de son avilissement et je préfère rester avec l’image d’une femme plus douce que je me suis construite à partir des pochettes de disques. Pour moi, la Môme est un oiseau."
Laisser l’oeuvre de Piaf infuser en elle a agi comme un révélateur: "Oui, ça a révélé et réveillé certaines affaires. Aussi, le fait de ne pas avoir de guitare m’a donné l’occasion d’habiter autrement l’espace scénique. J’espère que chanter des textes aussi poétiques influencera l’écriture de mes propres chansons", souhaite la chanteuse qui, sur certains titres comme Une enfant, se livre à tout un combat de virelangue. "C’est pas toujours évident. Sur le disque, il y a quelques petites fautes parce que c’était live. Je pense m’être améliorée, mais je te cacherai pas qu’à la fin du spectacle, ma bouche fait mal!"
Un nouveau disque, la naissance d’un premier enfant, la mort de sa mère et complice Kate McGarrigle, ouf, grosse année pour Martha. "Je suis contente de clore ma tournée à Montréal, mais c’est certain que ça va être un peu difficile sans ma mère, qui venait souvent me rejoindre sur scène… Elle sera probablement dans la salle avec nous. Quand je chante Piaf, des fois je lève les yeux au ciel et les aperçois, ma mère et la Môme, assises ensemble, là-haut. Ça m’encourage. Je veux que toutes deux soient fières de moi."
À voir si vous aimez /
Édith Piaf, Cat Power, Barbara