Jamie Lidell : Ne pas perdre la boussole
Musique

Jamie Lidell : Ne pas perdre la boussole

Jamie Lidell est sur la route avec son Compass, un disque où le soul moderne ne se limite pas au révisionnisme.

Jamie Lidell est en mode séduction. Après un passage remarqué lors de la dernière édition du festival Osheaga, le chanteur et producteur britannique vient à nouveau présenter son nouvel album Compass, possiblement son effort le plus convaincant depuis ses débuts sur disque en 1997, celui où il assume davantage sa réputation de chanteur nu soul bien entamée avec le précédent Jim, où les chansons se tiennent plus et où les multiples bidouillages électro sont mieux intégrés aux autres instruments. Sur ce quatrième disque, l’ex-Super Collider (le duo qu’il forme avec Cristian Vogel est en mode dodo pour une durée indéterminée) bifurque vers des sentiers indie folk, funk mielleux ou carrément soul torturé à la TV on the Radio.

Donc, Lidell remet ça et on ne s’en plaindra pas. Cette fois-ci cependant, ce sera en salle, plus intime. "Ce sera un concert plus long, plus tight et sans doute bien meilleur que celui que nous avons donné récemment à Osheaga. C’était pas terrible." Étonnant, car pour plusieurs festivaliers et celui qui écrit ces lignes, le show de Lidell et sa bande fut un des meilleurs du festival. Fidèle à sa réputation de bête de scène, le type était à fond dans son truc, bougeait partout, dansait, patentait quelques sons avec ses machines, appuyé par un band intense et groovy. Une perfo énergique, échevelée et ludique. À ces mots, le chanteur semble étonné. "Tu trouves? On a eu plein de petits problèmes avec les machines, une mauvaise balance de son, pas assez de temps… C’est souvent comme ça lors d’un festival, les conditions ne sont pas idéales. Je préfère en salle. Donc, si vous êtes plusieurs à avoir aimé ce show à Osheaga, vous allez encore plus aimer celui-ci!" nous assure Jamie Lidell au bout du fil, l’air détendu.

Compass a été réalisé en compagnie d’une foule de collaborateurs, les plus éminents étant Beck, Feist, Chris Taylor de Grizzly Bear, Pat Sansone de Wilco et Gonzales. Pourquoi autant de collaborations alors qu’il est clair que Lidell est largement capable de se débrouiller seul? "C’est vrai qu’il y a plus de collaborateurs sur ce disque que sur mes précédents, et pourtant c’est mon plus personnel. C’est un disque qui s’est fait à plusieurs endroits dans le monde (NY, LA et la campagne ontarienne chez Feist), mais j’ai essayé de garder une certaine unité dans tous ces mélanges, sans perdre le côté plus cru et spontané. C’est un peu pour ça que je l’ai intitulé Compass, car ça part dans toutes sortes de directions et je ne veux pas perdre la boussole", précise celui qui a récemment quitté l’Angleterre pour s’établir à New York.

Il est vrai que Jamie Lidell est une sorte de fabuleux touche-à-tout qui a du mal à tenir en place. En quatre albums sous son nom, il a exploré l’électro, le beatboxing, le noise, le lounge, le R&B, le folk, le funk et le soul. On l’étiquette d’ailleurs souvent comme chanteur nu soul, une catégorie dans laquelle il ne se voit pas trop. "D’Angelo est aussi considéré comme un chanteur nu soul et franchement, un monde nous sépare! J’ai toujours eu du mal avec les catégories dans les magasins de disques, poursuit le musicien. Dès que tu cherches un disque sur lequel figurent différents genres musicaux, t’es perdu! C’est pourquoi les disquaires ont créé la catégorie "Other", et si c’est là que se retrouvent mes disques, ça me plaît! C’est vrai que des fois, j’aimerais aller à fond dans un style, faire un truc très pop, ou très soul ou très électro, mais je n’y arrive jamais, j’aime toutes les musiques!"

À écouter si vous aimez /
Beck, Prince, Mr. Hudson