Ricky Laurent : Blue-eyed blues
Musique

Ricky Laurent : Blue-eyed blues

Il est le chouchou des Gatinois, ce Ricky Laurent. Sur Inside Out, il met la totalité de son talent précoce à profit et décide lui-même des éléments qui influenceront sa carte du ciel professionnelle. À commencer par son nom.

Difficile de ne pas craquer pour Ricky. À 13 ans, alors que ses contemporains jouaient dans les cours d’école et flirtaient avec les filles autour des balançoires, Ricky Paquette, désormais Ricky Laurent, faisait ses preuves sur la scène blues ottavienne en traînant Les Paul sur les scènes du Rainbow et du Tucson’s avec son band The Soul Benders. Un contrat de disques avec Preservation Records en poche, il lance subséquemment Early for the Show, en 2005, alors qu’il n’avait que 15 ans, et Live!, album-concert enregistré un an plus tard lors de son prolifique passage au notoire Festival de jazz de Montréal. Les médias ne se contiennent plus. Ricky devient la coqueluche.

Côté givré

En dépit de ces nombreux faits d’armes et de son C.V. joliment garni pour un ado, Ricky s’est remis en question. Comme les plus grands de sa trempe. "Je savais que je voulais que mon prochain projet ait des influences beaucoup plus rock; c’est ce que je présentais en show anyway. Ma compagnie de disques de l’époque me demandait de faire des compromis, de rendre ces chansons plus polies", raconte Ricky Laurent. Au bout de 18 mois d’allers-retours, de discussions et de concessions faites à contrecoeur, le chanteur a mis fin à son contrat qui le liait à Preservation Records. L’oiseau pouvait désormais voler de ses propres ailes.

Une rencontre déterminante suivra: celle de Momo, un auteur-compositeur, musicien, réalisateur et vlogueur à ses heures, qui a décidé de prendre Ricky sous son aile et de mener à terme le projet Inside Out. "Aux premières étapes de la composition, je me cherchais beaucoup et ce gars-là m’a permis d’aller trouver des sonorités que j’aimais et de teinter tout ce qu’on faisait de sonorités rock vraiment cool. Il m’a rapidement compris", affirme le chanteur de "presque 20 ans". C’est le rock des seventies qui a été privilégié, un rock aux guitares à l’avant-plan, aux envolées vocales musclées, comme en témoigne le premier extrait Voodoo, à la signature résolument modern rock. "C’est pas nécessairement que je ne veux plus faire du blues. Vu que je me retrouvais sans compagnie de disques pour me mettre des bâtons dans les roues, je me suis dit que la route était désormais libre pour que je fasse l’album dont je rêvais."

Et la question du changement de nom? "Ça s’est fait de façon naturelle et tant mieux si ça vient piquer la curiosité du public. C’est clair qu’en passant de Ricky Paquette à Ricky Laurent, j’informais les gens que ce que je proposerais serait tout à fait différent de ce que j’avais fait auparavant."

Côté sain

Inside Out passe rapidement du rock quasi industriel de Voodoo à la ballade acoustique Hell and Back, pièce contemplative où le guitariste se questionne sur la pertinence de la présence canadienne en Afghanistan. Un sujet qui lui sied comme un gant, selon lui. "C’est une des tounes dont je suis le plus fier, l’une des premières qui ont été complétées. Je l’ai écrite trois ou quatre mois avant qu’un ami ne parte pour son premier tour là-bas. Dans la chanson, je pose la question "I wonder what you said to you to make you go to hell and back"", affirme celui qui a chanté pour les troupes canadiennes quelques mois après avoir complété cette chanson. "Je ne veux vraiment pas faire dans la politique, mais je pense qu’il y a une méchante gang de militaires qui oublient la vraie raison pour laquelle ils sont là", affirme le jeune homme en ajoutant, sur un ton plus allègre, qu’il a des dizaines de chansons en banque, dont quelques-unes qui compléteront moult projets futurs, dont un opus entièrement acoustique.

"L’album s’appelle Inside Out; c’est pour une bonne raison. C’est qu’il a deux côtés: le début est vraiment plus straightforward rock, après ça devient un peu plus slow, ça montre un côté plus sombre. Puis, on retourne aux grosses tounes rock en finale."

À écouter si vous aimez /
Lenny Kravitz, Big Sugar, Audioslave