The Dø : L'art de cuisiner
Musique

The Dø : L’art de cuisiner

The Dø fera une relecture de son premier album A Mouthful lors de sa prochaine visite au Québec. Un nouveau spectacle et de nouveaux musiciens en guise d’entracte, avant la sortie d’un disque en 2011.

Le fait d’avoir été élevé dans un restaurant n’est peut-être pas étranger à la carrière en musique que mène Dan Levy, compositeur, musicien et arrangeur qui gravite dans la sphère jazz contemporain, plus connu pour son rôle actif avec la chanteuse et musicienne Olivia Merilahti dans le groupe The Dø. Il faut remonter à très loin pour cerner les premiers balbutiements musicaux de ce petit génie.

"J’en parlais avec mes parents récemment, relate-t-il. Ils me racontaient comment je pouvais m’amuser, dès l’âge de sept ans, à tout enregistrer dans la maison et leur restaurant. Les bruits de table, de verre brisé, les conversations familiales… J’enregistrais tout ça sur bande puis j’en faisais des montages. J’ai encore ces cassettes quelque part. C’est un rapport avec le son qui est très intime, forcément. D’ailleurs, la batterie que j’utilise dans The Dø provient en quelque sorte de ce restaurant. Lorsqu’on est jeune et qu’on veut faire de la musique, on nous installe devant des casseroles et des plats et on nous met des baguettes dans les mains. J’ai gardé l’idée, surtout parce que je n’avais pas les moyens d’avoir une batterie complète!"

C’est donc enfermé dans la cave d’un restaurant en France que Levy a expérimenté avec une discipline de fer sur une batterie de fortune. Même qu’aujourd’hui, il rit de son propre sort: être encore enfermé dans un studio à faire de la musique à plein temps. Passionné par l’électroacoustique et les sons, le petit prodige n’a pas tardé à multiplier les collaborations artistiques. Musiques de films (c’est comme ça qu’il a rencontré sa complice Olivia) et danse contemporaine sont des secteurs d’activité qui nourrissent encore sa carrière. Surtout la danse contemporaine, dont une création du chorégraphe Juha Marsalo a été mise en musique par The Dø au festival June Events à Paris, organisé par la célèbre chorégraphe Carolyn Carlson.

De quoi lever le nez sur le monde de la musique pop. "De toute façon, avec The Dø, on est loin de respecter les cadres musicaux en vogue, avoue-t-il. Avec ce groupe, oui, on fait de la chanson. Au départ, j’ai eu à m’adapter. Une mélodie doit rester naturelle, on ne la construit pas. Et en plus, il faut absolument, en l’espace de trois ou quatre minutes, embarquer les gens, et s’embarquer soi-même. C’est difficile. Sauf sur la scène. Là, on est au service de nous-mêmes. Si un morceau doit durer 10 minutes, alors il va durer 10 minutes."

Questionné sur les délais qui entourent la sortie de leur deuxième album (février 2011), le compositeur ne s’en formalise pas trop et trouve même judicieux de jouir du temps voulu (plus de deux ans) avant d’offrir la suite. "On se produit nous-mêmes, alors on a le temps de composer et d’éditer la musique que l’on veut. On s’est fait dire, pour ce deuxième album, qu’on devrait communiquer avec tel ou tel réalisateur très connu. On y a pensé, et puis… merde. Nous, on travaille bien ensemble et selon nos standards. Autrement dit, il y a des groupes comme nous, et il y a le mainstream."

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