J'envoie : Dossiers mystère
Musique

J’envoie : Dossiers mystère

Bien malgré lui, un dense halo enveloppe le collectif gatinois J’envoie. Et ce n’est pas avec la parution de La Vitesse des chats sauvages que ces musiciens pourront changer la donne.

"On nous reproche de ne pas faire assez de spectacles. Ça a été un peu notre marque de commerce. On n’essaie surtout pas de créer du hype. Mais si ça peut attirer du monde, ben tant mieux", lance d’emblée Pierre-Luc Clément, musicien au sein de J’envoie. Pourtant, quelques heures plus tard, le collectif – son noyau étant Clément, le percussionniste Olivier Fairfield, le contrebassiste Philippe Charbonneau et le guitariste Patrick Sénécal (ne pas confondre avec l’auteur d’épouvante québécois) – allait littéralement galvaniser la scène Télé-Québec du Festival de l’Outaouais Émergent, alors qu’il proposait en offrande expiatoire les pièces issues de son plus récent EP, La Vitesse des chats sauvages, un opus de post-rock instrumental dense et cérébral. Qu’on se le tienne pour dit: gare au néophyte hipster qui voudrait aborder J’envoie comme il le ferait pour MGMT ou Arcade Fire. "On voudrait bien faire de la musique plus simple, mais on se retrouve toujours devant des compositions complexes, aux rythmes disloqués. C’est pas parce qu’on veut faire de la musique compliquée; c’est plutôt parce qu’on écoute nos instincts qu’on arrive à ces résultats." Sénécal renchérit: "C’est comme ça qu’on travaille. Même chose pour nos spectacles. On préfère donner 3 spectacles absolument débiles par année que 30 corrects. En plus, je pense que ce serait ridicule de penser saturer la région."

Fiers porte-étendard de la culture 100 % made in Gatineau, les musiciens affirment être on ne peut plus heureux de la vigueur que gagne récemment la scène artistique régionale. Leur compagnie de disques, E-Tron Records, mise sur pied par Fairfield et Charbonneau, en est le parfait exemple. " Ces structures font en sorte que la diffusion de l’art se fait plus facilement. Je pense aussi au FOÉ, au Temporaire [studio coopératif d’arts visuels, qui a pignon sur rue en plein coeur du Vieux-Hull], qui a donné un coup de pied au cul aux personnes qui pensaient que ce n’était pas possible de faire partie de quelque chose qui favorise la création. Ça prend des couilles. Et ça fonctionne. L’art est encore plus primordial ici en Outaouais que, mettons, à Montréal, parce qu’il vient assurer l’équilibre avec le côté stérile de notre population de fonctionnaires", soutient Sénécal. Olivier Fairfield complète: "Je pense qu’il y a encore de la place pour l’innovation; le milieu artistique émergent n’est pas encore encombré dans la région. Y a un moment, Gatineau était en plein néant culturel."

Probablement pour la première fois depuis la création du groupe, les musiciens se permettent d’entrevoir de bien belles choses lorsque vient le temps de se projeter quelques mois dans l’avenir. "Depuis peu, on a pris des résolutions qui plaisent à tout le monde. On est de plus en plus un band ouvert et interchangeable, avec une poignée de musiciens qui peuvent changer d’instruments quand bon leur semble. C’est une relation ouverte. On a l’intention de faire de plus en plus de collabos, que ce soit dans la région ou à Montréal", affirme Clément. "On peut mettre quelque chose au clair: J’envoie est comme le Arcade Fire du Vieux-Hull!" conclut en riant Patrick Sénécal.

À écouter si vous aimez /
The Mars Volta, Malajube, Lost Highway de David Lynch