Marie-Nicole Lemieux : La reine des Violons
Marie-Nicole Lemieux immortalise sur disque une rencontre unique avec les Violons du Roy et le chef d’orchestre Bernard Labadie. Un mariage musical qui fera du bruit.
Bernard Labadie et Marie-Nicole Lemieux n’en sont pas à une première rencontre en concert. Mais sur disque, oui. La contralto tenait mordicus à faire cette prochaine production discographique avec les Violons du Roy; sa compagnie de disques, l’étiquette française Naïve, ne fut pas trop difficile à convaincre. "Bernard a toujours été d’une grande générosité envers moi, se rappelle l’interprète. Il m’avait invitée à sa première au Concertgebouw, pour La Passion selon saint Matthieu de Bach. Par la suite, il a remis ça en m’invitant à chanter avec le Philharmonique de New York. On ne s’est jamais perdus de vue. C’était logique qu’on se retrouve ensemble sur un disque. En plus, l’ambiance est formidable et les musiciens sont très disciplinés. Tu devrais m’entendre pendant les répétitions, je m’exclame sans arrêt. Je ne peux pas m’empêcher de leur dire: "J’vous aime!""
Cette fougue est contagieuse et le rire de la contralto nous confirme à quel point cette complicité n’est pas superficielle. Qui plus est, l’attitude des musiciens de l’orchestre québécois semble convenir à son tempérament. "Il y a la discipline à l’américaine et celle des Latins, constate-t-elle. En Europe, parfois, c’est long, les répétitions! La motivation n’est pas la même. Avec les Violons, on est sur la même longueur d’onde, et le travail se fait rapidement, car les musiciens ont le goût de travailler ensemble. Cette discipline à l’américaine les distingue des autres, et la bonne humeur est constante."
Avec ce prochain concert, qui ouvre en quelque sorte la saison de l’orchestre de chambre, nous aurons le privilège d’être dans les coulisses de cette future production qui sera dédiée aux compositeurs Haydn, Gluck, Mozart et Carl Heinrich Graun. "Graun est une découverte. J’interpréterai un air de concert extrait de l’opéra Montezuma, inspiré par le fameux personnage historique. Lorsque le contre-ténor Philippe Jaroussky faisait des recherches pour son disque Carissimi à l’époque, il est tombé un peu par hasard sur ce compositeur allemand. C’est lui qui m’a convaincue de m’y intéresser. Graun fait le pont entre la période baroque et classique; c’est très particulier et c’est magnifique."
C’est une année de rencontres orchestrales qui attend Marie-Nicole Lemieux en Europe, dont une première à Rome qui la rend fébrile. Un seul récital avec le pianiste Daniel Blumenthal, avec qui elle a enregistré L’Heure exquise, entamera l’agenda 2010-2011 presque exclusivement consacré à l’opéra. "C’est un début de saison assez solide. Je me suis gâtée avec ce récital avec Daniel à Monnaie. C’est un programme consacré à la musique expressionniste allemande et française. L’entre-deux-guerres et le compositeur allemand Franz Schreker, entre autres. Ce sont des lieder très sombres, on pense aux tableaux d’Otto Dix à l’écoute de cette musique. Le récital, c’est ma grande passion. Mais je devrai patienter après 2011 pour y revenir. Du moins, si je survis au public romain!" conclut-elle en riant.
À écouter si vous aimez /
Kathleen Ferrier, Ewa Podles, Marian Anderson