Gregory Charles : Les pouvoirs de la musique
Avec Musicman, spectacle qu’il présente depuis maintenant un an, Gregory Charles se paie un vieux rêve d’enfant. Entretien avec le volubile personnage.
"Dans ma vie surréaliste de gars qui aime la musique, devenir les music men qui m’ont inspiré, c’était mon objectif de jeunesse. Depuis 200, 300 ans, des music men extraordinaires ont vécu sur scène et ont laissé un souvenir indélébile de leur talent et de leur passion. C’est un peu ça, la prémisse du spectacle", explique au téléphone Gregory Charles, questionné sur les fondements de Musicman. "Ça vient aussi du fait que, quand j’étais jeune, j’avais une grande passion pour les superhéros. Et évidemment, des superhéros, ça a toutes sortes de superpouvoirs: ça peut voler, se téléporter, contrôler la météo, devenir une araignée ou je ne sais trop quoi. Mais moi, le superpouvoir qui m’intéresse le plus, c’est celui de la musique. Donc, le show est moins sur moi que sur une espèce d’allégorie des pouvoirs énormes de la musique."
Cette dernière possède en effet des facultés qui sortent de l’ordinaire. "Il y a, à travers la musique, la possibilité de décrire des émotions, de voyager dans le temps et, pratiquement, de peindre le portrait d’un individu, mais aussi d’une société en rapport avec le temps. Dans le fond, si on veut savoir à quoi ressemblait la vie d’un individu ou d’une société à un moment donné dans l’histoire, on peut lire des livres d’histoire, faire des recherches documentaires et plein d’autres choses. Mais ce qui ne ment pas, c’est la musique, et particulièrement les chansons populaires. Elles te donnent un portrait assez juste et assez unique d’un individu ou d’une société."
UN VASTE PROGRAMME
Dans Musicman, l’hyperactif survole plusieurs périodes musicales. "Ça part de Paganini, au 19e siècle, jusqu’aux grands héros d’aujourd’hui." Bing Crosby, Judy Garland, Gene Kelly, Barbra Streisand… L’artiste laisse aussi une place à la "musique noire". "Le cadeau que la population noire a fait à la planète en retour de l’oppression qu’elle avait vécue dans les deux ou trois siècles précédents, c’est d’offrir presque toute la musique et les danses du 20e siècle", raconte Gregory Charles, admiratif. Voilà pour la première partie du spectacle. "Après ça, il y a une espèce de présentation des superpouvoirs de la musique. Puis, comme les superhéros veulent toujours faire partie d’une ligue de superhéros, il y a un jeu, un exploit qui est assez difficile à réaliser et qui, évidemment, est basé sur la connaissance de la musique et sur la capacité de performer." Un défi qui demande la participation du public. "Je fais des shows interactifs parce que, non, le public ne déteste pas ça, mais avant tout pour moi. Les concerts sont conçus pour ne jamais être pareils d’un soir à l’autre. Ce qui est le fun en faisant ça, c’est que moi qui n’aime pas être barré dans un genre de musique, ça me permet de faire à la fois de la musique des années 20, 30, 40, mais aussi de 2010!"
Si Gregory Charles adore avoir une grande liberté sur scène, Musicman jouit tout de même d’une certaine structure. Un encadrement donné par Serge Postigo, qui a imaginé la mise en scène. "Mes shows d’avant étaient de gros buffets de plaisir. Là, le genre de structure que Serge a apporté, ça a permis autre chose. Ça a permis d’avoir des moments de larmes. Je n’ai toujours pas réussi à faire un de ces spectacle-là sans pleurer à la fin de la première partie", confie-t-il avant de raccrocher.
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L’énergie débordante de Gregory Charles, les revues musicales, les spectacles interactifs