Isabeau et les chercheurs d’or : À cheval question country
Isabeau et les chercheurs d’or prospecte avec soin son country et son folk. Un premier album réalisé aux côtés d’Éric Goulet nous le confirme.
Ce qui nous attendait lors de cette rencontre impromptue avec la formation Isabeau et les chercheurs d’or, c’est une véritable assemblée de cuisine. Celle d’Isabeau Valois (chant et mandoline) elle-même, qui se transforme en local de répétition pour les besoins du groupe de Québec. En compagnie de François Gagnon (guitare et voix), Cédrik Dessureault (contrebasse et voix), Simon Pelletier-Gilbert (batterie) et Marie-Christine Roy (violon), instruments de musique en bandoulière, l’heure était venue de faire la genèse de leur premier album éponyme réalisé avec Éric Goulet (Monsieur Mono et Les Chiens) au printemps dernier.
"Tout s’est confirmé lors d’un spectacle que nous avions donné à L’Escogriffe, à Montréal, en compagnie de Caloon Saloon, nous explique François Gagnon, principal auteur et compositeur de la formation. Éric y était et, je ne sais pas pourquoi, ce soir-là, il était tanné. Bien assis au bar, il avait écouté le concert les yeux fermés et il est venu nous voir ensuite pour nous dire: "Pourquoi on fait pas un disque?" On n’avait pas beaucoup d’argent de côté, mais pour lui ce n’était pas un problème. Éric est monté à Québec et l’essentiel de l’album s’est enregistré en quatre ou cinq jours."
Rien de plus compliqué pour cette formation country et folk qui ne fait pas de compromis question musique. La rencontre avec Éric Goulet était providentielle, et le résultat porte fruit. "Éric est très relax lorsqu’il travaille en studio, précise François Gagnon. Il est très ouvert à toutes les suggestions et ce qui importe pour lui, c’est l’interprétation et l’émotion. On avait beau s’obstiner parfois sur certains détails techniques sur le plan musical, si l’émotion passait, c’était parfait. Mais lorsque venait le temps de trancher, c’était assez clair. On peut se casser la tête à la fin du mixage, et les angoisses d’un groupe, il négocie avec ça de façon assez directe: c’est non, point final. Et c’est tant mieux comme ça."
Avec les chansons Septembre, Complainte et Ma guitare pour un fusil!?, Isabeau et les chercheurs d’or ne tombe pas dans la noirceur pathétique, mais opère plutôt un judicieux contraste entre tristesse, lumière et récits épiques. Des textes qui collent bien à la personnalité de l’interprète, qui forme avec François Gagnon un tandem créatif depuis plusieurs années.
Quelques reprises (traduites en français) se distinguent aussi sur l’album. Lou Reed (Je serai ton ombre), A. P. Carter (Je vas nous bâtir une maison) et Hank Williams (Je n’peux plus te chasser de mon coeur), par exemple, se glissent judicieusement dans cette production. "Oui, c’est peut-être dangereux de reprendre Hank Williams, constate le guitariste. Comme c’est dangereux, sans doute, de toucher aux Beatles. Mais parfois, il y a une chanson qui vient te chercher. J’avais I Can’t Get You Off of My Mind en tête et le refrain me revenait sans cesse: "je ne peux plus te chasser de mon coeur". Ça marchait! Ça ne sert à rien de forcer ces choses-là."
Isabeau et les chercheurs d’or
Éponyme
(Disques Nomade/Outside)
À écouter si vous aimez /
Caloon Saloon, Placard Macbeth, Townes Van Zandt