Jason Mraz : Namasté, dude
Musique

Jason Mraz : Namasté, dude

À la lumière d’un succès populaire décisif, l’auteur-compositeur Jason Mraz reste un monument inébranlable d’optimisme. De passage à Ottawa, il en profitera pour diffuser dans l’univers quelques rares morceaux de bonheur.

You fucking did it. C’est le mantra que Jason Mraz se plaît à utiliser quotidiennement. Tu y es parvenu. Pendant ses sessions de yoga. En se regardant dans le miroir. En faisant son épicerie. You fucking did it fait partie des nombreuses exhortations publiées sur son blogue: "Je te conseille de l’écrire à un endroit pour te rappeler à quel point tu peux être cool – à cet instant, tu pourras te donner un high five pour être arrivé à de grandes choses et y être parvenu de jolie façon."

Nullement une séquelle de l’abus de substances illicites, cette volonté imperturbable de ne faire transparaître que l’affable et le bon s’est toujours révélée le cheval d’une placide bataille pour le chanteur de 33 ans. Sa carrière en est une preuve on ne peut plus concluante. "Je viens d’une communauté dont les valeurs sont la famille, le bien commun et l’effacement de soi. The greater good. Quels sont les choix que je peux faire pour assurer des lendemains plus grands, plus verts, plus éclatants? C’est une philosophie que je tente de transmettre dans ma vie, que ce soit dans ma carrière, mes relations avec les filles…"

La mélodie du bonheur

You fucking did it. En effet. Après avoir lancé deux efficaces gravés (Waiting for My Rocket to Come et Mr. A-Z, respectivement en 2002 et en 2005), alors que la folie des auteurs-compositeurs à la belle gueule et aux ballades formatées pour la radio était à son paroxysme (nommez-les: James Blunt, John Mayer, James Morrison), ce n’est qu’en 2008, avec We Sing. We Dance. We Steal Things que la reconnaissance internationale l’a frappé de plein fouet. Il n’aura fallu qu’une chanson: I’m Yours.

Et vlan! Succès multi-platine dans plus d’une vingtaine de pays, la pièce au ukulélé radieux et à la mélodie qui se scotche au cerveau s’est révélée d’une force insoupçonnée, s’imposant pendant 76 semaines sur le palmarès Hot 100 du Billboard américain – un record! "On pourrait penser que parler d’I’m Yours m’ennuie, mais ce n’est pas le cas. À mes yeux, cette chanson en est une de contribution amoureuse envers l’univers. Et ça reste une chanson si simple, qui relève quasiment de la comptine", affirme le chanteur en ajoutant qu’il serait enchanté s’il venait à être indéfiniment identifié à cette chanson. "Quand une pièce obtient du succès, on se souvient de la mélodie, des paroles. On oublie facilement l’interprète. J’espère qu’I’m Yours fera partie de ces chansons qui vieillissent bien. J’ai vite réalisé que son succès ne m’est plus lié; il est attribuable au pouvoir d’une chanson qui a eu un impact sur la vie de plusieurs personnes."

De bon gré

S’offrant une trêve entre deux sessions d’enregistrement du successeur de We Sing…, qui devrait paraître au printemps 2011, Mraz prend la route pour la énième fois depuis 2008. N’a-t-il pas l’impression de presser le citron? "Pas du tout! Nous en profitons pour interpréter quelques nouvelles compos. Je ne pourrais demander mieux: c’est un spectacle qui inclut la foule de façon vitale, qui amène les gens à réfléchir et qui a le coeur à la bonne place", assure-t-il en précisant que bon nombre des nouvelles compositions devraient faire surface en version concert sur iTunes d’ici quelques semaines. "J’ai toujours tenu à donner aux gens le plus possible."

La tournée Gratitude Café lui permettra de réitérer les propositions sur lesquelles il base sa vie: une pensée positive à l’humanisme un tantinet naïf, mais terriblement sympa, et son implication au sein d’une foule d’organismes caritatifs (Mraz est notamment parrain de VH1 Save the Music, organisme qui favorise l’éducation musicale chez les enfants des écoles primaires américaines). "Le succès m’a assurément permis de contribuer à une vie meilleure à une plus grande échelle. Par les concerts, les apparitions à des galas-bénéfices, j’ai réalisé à quel point je pouvais aider certaines des grandes causes qui me tiennent à coeur", finit-il par dire, après quelques secondes de réflexion. Puis, il mentionne vouloir faire de Gratitude Café un exemple de tournée verte en bâtissant un écran lumineux avec 1600 bouteilles de plastique de cinq litres et en s’imposant un régime strict de nourriture bio et équitable. "Je voulais relever le défi de construire des éléments scéniques à partir de trucs existants. Je tenais à mettre de l’avant ce changement de mentalités qui s’opère présentement: le do it yourself, le commerce équitable et l’effort de préserver ce que la terre nous offre. Cela dit, le résultat est vraiment débile! J’ai hâte de mettre cette immense structure dans ma cour à la maison et de faire la fête. Si j’ai assez de place? Euh, on s’en reparlera à la fin de la tournée. Deal?" Deal.

À écouter si vous aimez /
Jack Johnson, Bob Marley, Paul McCartney