Jimmy Brière : Les détenteurs de statuettes
Musique

Jimmy Brière : Les détenteurs de statuettes

Pour son premier disque en carrière, le pianiste sherbrookois Jimmy Brière fait étalage de son talent grâce à un répertoire "oscarisé".

La musique de film constitue une fédératrice porte d’entrée vers la musique classique. Par exemple, la trame sonore du Violon rouge a su toucher autant les mélomanes que les néophytes. Ainsi, en réunissant des oeuvres de trois lauréats d’un Oscar (Nino Rota, John Corigliano et Erich Korngold), Jimmy Brière peut donner l’impression qu’il désire rayonner au-delà des cercles d’initiés (ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi), mais sa véritable intention était de faire découvrir la richesse pianistique de l’héritage de ces compositeurs qui ont connu de grandes carrières ne se limitant pas à Hollywood.

Ce projet, que le pianiste portait en lui depuis quelques années, lui a permis de s’allier à la réputée maison de disques Analekta. "Le thème qui sous-tend le programme, de la musique de piano par des compositeurs connus pour le film, je l’avais élaboré dans ma tête en 2007, raconte Brière. C’est sûr que c’est moins populaire que les sonates de Beethoven et les ballades de Chopin, mais Korngold, Rota et Corigliano sont de grands compositeurs de musique classique, et aujourd’hui, les maisons de disques sont intéressées par du nouveau répertoire."

Mis à part le fait qu’ils ont chacun remporté un Oscar, tout sépare ces trois hommes. "Sauf peut-être qu’ils ont tous vécu au 20e siècle", précise Brière. À l’écoute de son disque Oeuvres pour piano, le tout premier de sa jeune carrière, les différences stylistiques entre les oeuvres sont marquées et permettent au pianiste de dévoiler l’étendue de son talent.

Korngold fait partie de la grande tradition germanique qui passe de Beethoven à Brahms et à Strauss. Il s’inscrit dans le romantisme et le postromantisme. "La sonate que j’ai enregistrée est très représentative de cet aspect-là." La musique de Rota, un Italien, est plus accessible. On peut parler de néo-classique. "Le langage est moins compliqué, plus pur. Sur le disque, ça s’entend." Quant à Corigliano, le seul encore vivant, il s’inscrit véritablement dans le 20e siècle. "Ça n’a rien de hardcore, mais c’est très moderne, avec une esthétique américaine."

Fait intéressant: l’oeuvre de Corigliano qui conclut le disque, Etude Fantasy, débute par une charnue séquence pour main gauche. "Il existe un bon corpus d’oeuvres pour main gauche. Ce qui est plus rare, c’est que les cinq études de Corigliano sont enchaînées et qu’un seul bout du morceau est pour main gauche. La main droite embarque à peu près à la quatrième minute."

OBJET D’ART

"Avec le CD qui vient de sortir, je vis un très beau moment de ma carrière", affirme celui qui a joué avec plusieurs grands orchestres et ensembles. Au-dessus de son foyer, pas d’Oscar, mais plusieurs distinctions d’importance (premier prix du Concours international de Hong Kong en 1997, lauréat du Concours international de Porto en 1996…).

Auréolé jusqu’à maintenant d’excellentes critiques, Oeuvres pour piano risque de redonner un élan à la carrière internationale de Jimmy Brière. "Je pense que ça va m’aider à me faire connaître davantage en Europe et aux États-Unis, mais d’abord et avant tout, je vois le disque comme une oeuvre d’art. C’est mon projet musical, artistique."

Oeuvres pour piano – Korngold, Rota, Corigliano
Jimmy Brière
(Analekta)

À écouter si vous aimez /
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