Leif Vollebekk : 101 Reykjavik
Musique

Leif Vollebekk : 101 Reykjavik

Au bout d’une petite saga islandaise, le Montréalais Leif Vollebekk a renoué avec ses origines et pondu une poignée de chansons folk enveloppantes, très utiles pour adoucir le spleen automnal.

Certains l’ont découvert lors de la parution d’Inland (Nevado Records) en janvier, d’autres l’ont apprivoisé en première partie de Karkwa. On lui trouve une parenté avec Patrick Watson, José Gonzalez et Jeff Buckley. Il se dit obsédé par Dylan, mais lui ressemble moins qu’un Tallest Man On Earth – ou alors la parenté se retrouve dans les textes poétiques, denses, bien écrits. Leif Vollebekk a l’innocence sensible d’un Philémon Chante – en anglais. Celui dont le nom s’apparente aux lettres d’un jeu Scrabble renversé est à Paris pour le moment: "Depuis le lancement de mon album, j’ai aligné plusieurs petites tournées: en Angleterre, en Écosse et en Irlande au printemps, puis un peu partout au Canada et sur la côte ouest. Je viens de boucler une autre virée en Europe par trois concerts dans de petites salles parisiennes devant des foules de 50, 75 personnes. J’ai été très occupé et je me sens un peu fatigué, pour tout dire… Je profite d’une rare journée de congé pour bouquiner et je projette d’aller faire un tour au Musée d’Orsay."

Leif Vollebekk est né à Ottawa. La résonance nordique de son nom lui vient des origines norvégiennes du paternel. "D’ailleurs, on me demande souvent si c’est mon vrai nom et ça me fait rigoler parce que je n’aurais jamais choisi un nom pareil si ça n’avait pas été le cas!" En plus de maîtriser le français et l’anglais, il se débrouille dans plusieurs langues scandinaves, dont l’islandais. "Au début, j’ai voulu aller à la rencontre de mes origines norvégiennes, mais je tripais sur la musique de Sigur Rós, et l’envie d’aller m’isoler dans un lieu magique et éloigné me tenaillait. J’ai passé un an en Islande, où j’ai entamé l’écriture des chansons." Quand on lui fait remarquer que c’est particulier qu’une quête des origines transite par un autre pays, il a cette réponse pas bête du tout: "Je suis le fils d’un exilé norvégien. Quand on y pense, c’est aussi le cas des premiers Islandais, arrivés autour du 11e siècle, qui viennent tous de la même petite région norvégienne."

Preuve qu’il a eu le temps de s’enraciner un brin dans ce pays renversant de beauté brute, Leif Vollebekk a eu le courage de goûter un steak de requin faisandé, mets traditionnel local, une expérience qu’il relate avec la même poésie imagée que l’on retrouve dans ses chansons: "Dès que tu te mets à mastiquer la chair, avant même que t’aies avalé quoi que ce soit, une odeur descend dans ton oesophage et c’est comme si le fond de la mer avait été expulsé dans ton haleine. C’est tellement horrible qu’il faut aussitôt prendre une once de Brennivin (décapant schnaps local) pour en atténuer la saveur, mais le Brennivin goûte tout aussi mauvais, alors tu reprends une bouchée de requin pour éviter que ça se prolonge. Le truc, c’est d’arrêter de mastiquer, et de tout avaler d’un coup!" Les chanceux qui s’envoleront pour le Iceland Airwaves à Reykjavik – équivalent islandais du Pop Montréal qui se tiendra du 13 au 17 octobre – sont prévenus!

À voir si vous aimez /
Patrick Watson, José Gonzalez, Jeff Buckley