Raymond Perrin / Orchestre symphonique de Trois-Rivières : La poésie des saisons
Musique

Raymond Perrin / Orchestre symphonique de Trois-Rivières : La poésie des saisons

En collaboration avec le Festival international de la poésie, l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières présentera Les Quatre Saisons de Vivaldi dans un enrobage peu orthodoxe. Entretien automnal avec son chef invité: le claveciniste Raymond Perrin.

Dans le répertoire classique, Les Quatre Saisons de Vivaldi sont incontestablement une oeuvre très appréciée du public. "C’est un best of de Vivaldi, si on veut. C’est sûrement la pièce la plus connue, commente Raymond Perrin. En même temps, l’idée qu’a eue Jacques Lacombe [directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières (OSTR)] de mettre quatre solistes différents pour le concert, c’est original. Je n’ai jamais vu ça ailleurs. D’habitude, il y a seulement un soliste qui nous fait son gros show. Là, on met en évidence les quatre premières chaises de l’OSTR."

Lors de la représentation du 10 octobre, il y aura en effet une violoniste soliste différente pour chacune des saisons. Francine Dufour ouvrira avec le printemps. Suivront Johanne Morin (l’été), Ana Drobac (l’automne) et Marie-Josée Arpin (l’hiver). "C’est bien beau que je sois le chef, mais je ne veux pas leur imposer une vision. Sinon, ce n’est plus la peine d’avoir quatre solistes. Comme on ne se voit pas beaucoup tous les cinq, il y a une espèce de coopération que l’on devra établir en peu de temps à la veille de la représentation." Car s’il a discuté avec les musiciennes, Perrin ignore encore comment tout ça sonnera dans le contexte du concert. "On peut être très "baroqueux" quand on a un souci d’authenticité et qu’on veut vraiment aller chercher l’essence en fonction de l’époque. D’autres vont avoir une version un peu plus moderne; ils se permettent plus de trémolos, de sonorités. Parce qu’à l’époque baroque, on ne tenait pas l’archet de la même façon. C’était moins puissant comme son", explique-t-il.

Ce manque d’uniformité l’insécurise-t-il un peu? "Non, mais ça me force à être un chef plus souple. D’habitude, on rencontre un soliste et on lui dit: "OK, on va aller dans telle direction." Là, d’une pièce à l’autre, on va plus prendre la vision de la soliste. Mais je vais me venger dans le Concerto brandebourgeois [de Jean-Sébastien Bach, la première oeuvre du concert] où, là, c’est moi qui serai le maître à bord! (Rires.)"

DES NOTES ET DES MOTS

Activité de clôture du Festival international de la poésie de Trois-Rivières, le concert Les Quatre Saisons jumellera musique et mots. Entre les différents mouvements du chef-d’oeuvre de Vivaldi, la comédienne Pascale Montpetit récitera les textes des poètes Hélène Dorion, Jean-Marc Desgent, Raymond Bozier et François Vigneault. "Beaucoup de monde va prendre la vedette! Mais le fait qu’il y ait des poèmes, ce sera un avantage dans ce cas particulier. Parce que, justement, il faudra se changer d’état d’esprit entre les différentes approches musicales. Ça va donner quelques minutes pour se replacer les méninges", soutient le chef invité.

Raymond Perrin admet par ailleurs être familier avec ce type de spectacle. "Avec le Choeur du Conservatoire, j’ai fait trois fois un concept qu’on appelait Musique de nuit. On présentait ça au solstice d’hiver et on s’arrangeait pour que le concert soit à minuit. On chantait des pièces qui avaient rapport à la nuit et on intercalait des poèmes. J’ai donc eu quelques fois des lecteurs et des lectrices invités. Par contre, c’est la première fois que je vais diriger l’orchestre du clavecin. Je n’aurai pas les deux mains libres, car je jouerai en même temps. Alors je vais y aller avec la tête, et de temps en temps, je vais me libérer une main." Vraiment, il jouera du clavecin? "À l’époque baroque, ils étaient très rares, les petits ensembles qui avaient un chef qui faisait la battue, comme on le voit maintenant", conclut celui qui sera entouré de 19 violons.

À voir si vous aimez /
La musique baroque, la poésie, la voix de Pascale Montpetit

ooo

Le 26e FIPTR

Cette année, c’est un vers de Bruno Roy, poète québécois décédé au cours des derniers mois, qui donne ses couleurs au 26e Festival international de la poésie de Trois-Rivières: "Cette ville marche en mon âme émue". Autour de ces mots inspirants seront organisées plus de 400 activités. Outre les incontournables lectures de textes dans les restos, bars et cafés, soulignons une rencontre avec Hubert Reeves sous le thème "Créativité, poésie et solidarité"; un concert du duo Stèts et Vaillancourt; une conférence de Gaston Bellemare, fondateur du FIPTR, intitulée "Je ne comprends rien à la poésie"; et une exposition de Gabriel Lalonde, dont le travail s’inspire des poèmes de Gaston Miron. Du 1er au 10 octobre. www.fiptr.com