Sadies : Le côté obscur
Musique

Sadies : Le côté obscur

Les Sadies sont loin de tourner en rond avec leur plus récent album, Darker Circles.

Si le prix Polaris, remis le 20 septembre dernier à Karkwa pour Les Chemins de verre, avait dû aller à l’artiste ayant le plus dépassé ses propres limites en studio, les vétérans torontois The Sadies l’auraient certainement remporté pour Darker Circles, paru en mai. On savait le quatuor capable d’excellents croisements de folk et de rock psychédélique. Mais sur ce septième album officiel (si on exclut les collaborations avec Andre Williams, Jon Langford, Neko Case, etc.), il procède avec une profondeur, une finesse de composition encore jamais entendues chez lui, se soldant par des moments vibrants comme Tell Her What I Said. Parfaite trame sonore automnale.

"La dernière chose dont les Sadies avaient besoin était bien d’une autre chanson qui fait: "toum-tshickitoum-tschikitoum-tschikitoum-tschikitoum"!" ricane le chanteur et guitariste Dallas Good, imitant le rythme rockabilly traditionnel, depuis son domicile torontois. Radieux, affable (je l’attrape dans son high de thé), il est loin d’être aussi torturé que ne le laissent entendre les pièces du nouvel album – un penchant naturel dans ses compositions, accentué dans l’optique de faire de Darker Circles un album plus uniforme. Pas trop déçu d’avoir échappé le Polaris – il aurait aimé la bourse de 20 000 $, mais sentait bien que les Sadies ne partaient pas favoris -, il est juste content d’avoir pu faire connaissance avec les Besnard Lakes lors de la cérémonie. La chose québécoise est en effet sa passion du moment depuis que Félix Desfossés, de Bande à part et des Revenants, lui a envoyé une boîte de 45 tours de rock garage local en cadeau. Et il raffole du rock garage.

Alors que plusieurs s’éparpillent en étant aussi prolifiques, les Sadies ont au contraire trouvé là le moyen de progresser. "Tous ces disques que nous avons faits ces dernières années – l’album de reprises country avec John Doe (Country Club, 2009), la bande sonore de Tales of the Rat Fink (2006), qui nous a permis d’écouler un tas de pièces instrumentales qu’on avait en banque, l’album live (In Concert Volume One, 2006)… Tout ça m’a saturé à souhait de la musique country! Ça nous l’a sortie du système!" explique l’imposant personnage. "On pouvait désormais se concentrer sur la composition lyrique, aller dans une direction dont pouvait bénéficier notre concert."

Good crédite Gary Louris, ex-leader des Jayhawks, ami de longue date et réalisateur qui avait aussi travaillé sur le précédent New Seasons (2007), pour une partie du progrès entendu sur Darker Circles. "Gary m’a montré des choses que j’aurais déjà dû savoir sur la composition… Emmener mes chansons plus loin, travailler davantage sur mes rimes, mon chant", témoigne le guitariste. "Tout le monde sait qu’en passant plus de temps sur quelque chose, on trouve plus d’options et on arrive à un meilleur produit. Je suppose que ça fait partie des choses qu’on essayait d’ignorer plutôt que d’améliorer."

"Mon frère (Travis, second guitariste) et moi nous sommes toujours fait une fierté de notre jeu de guitare. La musique instrumentale nous est toujours venue facilement, poursuit Dallas. On ne réalisait pas qu’il nous restait du travail à faire dans d’autres départements. Mais bon, on n’est pas encore morts…" Non, et heureusement!

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