Blonde Redhead : Champion trotteur
Musique

Blonde Redhead : Champion trotteur

Avec Penny Sparkle, Blonde Redhead prend un nouveau tournant sonique et lance un album déstabilisant. Le batteur Simone Pace nous donne quelques pistes pour l’apprivoiser.

Après plus de quinze ans d’existence, Blonde Redhead poursuit ses explorations, continue de prendre des risques et de fuir toute zone de confort. Sans renier son essence, le groupe s’est ouvert à d’autres influences dernièrement, intégrant à sa pop gracile et mélancolique des éléments électroniques, que ce soit par petites touches ou en y allant à doses massives de synthés vigoureux qui réitèrent le rock explosif de Blonde Redhead d’ordinaire véhiculé par la guitare. Évolution naturelle ou volonté d’aller ailleurs? "C’est une décision de groupe, explique Simone Pace, batteur de la formation. On était en train d’écrire et de composer quand un représentant de notre étiquette (4AD) s’est pointé et a proposé qu’on aille rencontrer Henrik et Peder (Van Rivers & The Subliminal Kid, duo de réalisateurs suédois derrière le succès de Fever Ray, entre autres). On s’est bien entendus avec eux, ça a cliqué. Ils aimaient nos chansons, pour lesquelles ils entrevoyaient des directions intéressantes, alors on s’est dit: Let’s go, on essaye quelque chose de nouveau. Le processus n’a pas été aussi fluide que je l’aurais souhaité. Ça a été difficile pour nous de laisser quelqu’un d’autre s’immiscer dans le processus de création. On n’avait jamais travaillé comme ça, on est habitués à tout contrôler… Mais le timing était bon pour oser quelque chose du genre."

Le résultat est déconcertant; Here Sometimes et Not Getting There, les deux premiers titres, annoncent le meilleur, mais ensuite Penny Sparkle (c’est le nom d’un cheval – souvenez-vous de la passion équestre de Kazu Makino) nous entraîne dans une tout autre direction. Certaines chansons sont si lentes, presque éprouvantes, plus difficiles à apprivoiser – Love Or Prison, notamment. "Moi, c’est une de mes préférées; elle me touche d’une façon étrange, que j’arrive difficilement à expliquer. Une chose est sûre, c’est un album qui demande du temps, et je sais que ce sera problématique pour certains, mais au fil des écoutes, l’appréciation change, des choses se précisent. Chaque détail compte: tu enlèves un élément et tout s’écroule. Il y a quelque chose de vraiment fragile et minutieux, pas beaucoup de guitare, les voix sont précautionneuses… Et l’album est vraiment le fun à jouer live", dit celui qui, avec son frère jumeau Amedeo, signe la trame sonore du film The Dungeon Masters du réalisateur Keven McAlester, un documentaire consacré à la vie de trois joueurs de Donjons et Dragons. "Je n’avais jamais été exposé, culturellement, à cet univers avant d’être invité par le réalisateur à composer la trame sonore, et j’ai trouvé ça plutôt freakant! Il y a tellement d’avenues à explorer… Blonde Redhead, c’est une affaire de famille. On perdrait trop si on arrêtait. On dépend les uns des autres et ça nous permet d’aller de l’avant. Quand tu as cette chance dans la vie et que tu en es conscient, tu t’arranges pour que les choses fonctionnent. La magie continue d’opérer après toutes ces années."

À écouter si vous aimez /
Portishead, Beach House, The xx