Claude Péloquin : Requiem
Musique

Claude Péloquin : Requiem

Claude Péloquin montera sur scène pour incarner une poésie qui se passe de gants blancs. Une rencontre en musique avec celui qui, malgré les tempêtes, se tient toujours debout.

Le poète Claude Péloquin revisite l’ensemble de son oeuvre, un parcours qui s’échelonne sur plus de 40 ans. C’est ce qui l’amène à Québec, la sortie d’une anthologie intitulée Ma paix, aux éditions Bibliothèque québécoise, qui réunit une sélection de poèmes publiés depuis 1963, supervisée par Jean-Sébastien Ménard et lui-même. "J’ai été beaucoup étudié et commenté depuis plusieurs années. Par Roger Chamberland, entre autres. Mais là, c’est la première fois qu’il y a un livre sur l’ensemble de mon oeuvre", nous indique avec fierté le poète qui ne s’est jamais considéré très choyé par le Québec.

Jusqu’à ce jour, il a sans doute été l’un de ceux qui ont suscité le plus grand nombre de controverses. Depuis la fameuse murale de Jordi Bonet à Québec, ses coups de gueule ne se comptent plus. La dernière en lice: la Lettre à mon peuple en transit, qu’il nous recommande de lire une seconde fois depuis sa parution dans un tabloïd montréalais: "Je ne serai jamais politically correct dans ce pays mort-né où on ne dit plus ce que l’on pense. Vous avez tué Gauvreau, vous ne m’aurez pas. Vous avez donné mon beau Québec en adoption. Aucun peuple au monde ne peut absorber un tel flot d’immigrants sans perdre son identité. Alors nous aussi, on devient xénophobes!" peut-on y lire.

Lors de son retour des Bahamas à la fin des années 90, Claude Péloquin nous avait prévenus. Fini le cirque, il était temps de brasser la cage. "C’était mon but, dire ce que je pense et dénoncer aussi l’invasion des immigrants… C’est un génocide pour le Québec." Des paroles dures. Mais Péloquin n’est pas pour autant un raciste hystérique. Plutôt un de ceux qui ont mal à l’âme de ce qu’ils considèrent leur pays d’origine et qui dénoncent l’omnipotence des Québécois d’adoption. "Je préfère passer pour fou que de passer tout droit", enchaîne-t-il. "Malgré tout, la vie est encore très belle. Moi, je regarde les arbres et j’accepte. C’est la seule façon de vivre avec cette réalité", constate-t-il, quelque peu déçu des critiques portées contre lui.

Et certaines critiques refont même surface après plus de 30 ans, alors que l’ex-ministre des Affaires culturelles du Québec, Jean-Noël Tremblay, dénonçait à nouveau sur les ondes de Radio-Canada l’oeuvre de Jordi Bonet, installée en 1971 au Grand Théâtre, et le poème de Péloquin. "Il était dépassé, celui-là, souligne-t-il en riant. C’est une oeuvre magnifique. Finalement, y ont touché à rien, on a gagné sur toute la ligne. On n’avait pas fait ça pour choquer! On a fait ça avec notre coeur!" précise l’auteur de la célèbre phrase "Vous êtes pas tannés de mourir, bande de caves? C’est assez!".

La mort, il aurait bien voulu lui casser la gueule, du moins avec son oeuvre. Le poème Le Bocal, qui ouvrira l’anthologie Ma paix, le résume bien.

"Au fond je n’aurai été qu’une sentinelle de passage
Qui supplie de fermer les yeux
À force d’attendre ce qui ne vient jamais au tournant…
J’ai hélas vu un monde qui aurait pu être…"

Lancement de l’anthologie Ma paix