Grand Corps Malade : Je reviendrai à Montréal
Musique

Grand Corps Malade : Je reviendrai à Montréal

Le slameur Grand Corps Malade revient avec un troisième album sur lequel il continue à examiner la société et en profite pour s’offrir deux invités de marque plutôt inattendus.

Appelez ça du narcissisme si vous voulez, n’empêche que la première curiosité que l’on a, en recevant le nouveau Grand Corps Malade, c’est écouter le morceau À Montréal. On est servi. Entre moquerie et tendresse, clichés et simplicité, l’artiste raconte sa perception de notre île: "Mis à part quelques mots désuets / Ils parlent le même langage que nous / (…) Dans les lumières de l’après-midi / J’ai chillé sur Sainte-Catherine / Et là j’ai magasiné / Pas question de faire du shopping!" La musique discrète et efficace qui l’accompagne est signée Yann Perreau. Au téléphone, le slameur français explique cette rencontre: "J’ai fait pas mal de concerts à Montréal. Yann et moi avions une connaissance commune. Qui mieux que lui, Montréalais dans l’âme, pouvait écrire une musique sur À Montréal? Je lui ai donné mon texte déjà fait, il n’a rien changé, il m’a livré une musique. Je trouvais que ça collait parfaitement."

En 2008, le collègue slameur de Grand Corps Malade Abd Al Malik sortait le CD Dante auquel Juliette Gréco participait. Monsieur Malade (pseudo), lui, convie Charles Aznavour à poser sa voix sur Tu es donc j’apprends: "Il est une grande référence en termes d’écriture, et comme j’aime l’écriture… J’ai eu l’occasion de le rencontrer plusieurs fois. On avait évoqué l’idée de faire un duo. À ma grande surprise, il avait accepté, mais en disant que c’était moi qui devais écrire le texte et lui, la musique. C’était un honneur! C’était une petite pression particulière."

On entend tout ça et bien plus sur 3e Temps. L’auteur se questionne sur le rôle de l’école, raconte une histoire d’amour entre deux personnes venant de religions différentes. Il s’émeut et il dénonce, toujours avec cet amour de la langue, avec passion. C’est peut-être l’enthousiasme, la vigueur de sa plume qui plaît tant, car le succès a été immédiat depuis son premier disque Midi 20 en 2006. Ça, et la chaleur frémissante de sa voix. Pourtant, il ne se destinait pas à une carrière artistique: "Le vrai déclic, ça a été en 2003, quand j’ai rencontré le slam. Je me suis mis à écrire beaucoup, sans l’avoir prévu. Le slam m’est tombé dessus; je ne me suis pas posé la question sur quelle forme d’écriture j’allais choisir."

Arrivent le premier album, les tournées, la consécration. Lui, l’enfant de la ville, il a su rester simple malgré tout: "Même si le disque marchait bien, même si on pouvait me voir à la télé, je n’ai jamais quitté le milieu slam. Je continuais d’aller slamer dans les petits bars, de faire mes petits ateliers de slam."

Pas de doute, Grand Corps Malade reviendra à Montréal. Pour l’instant, rien n’est fixé, mais l’artiste dit que ça pourrait se faire d’ici un an. Préparez vos oreilles, qu’elles soient narcissiques ou non.

Grand Corps Malade
3e Temps
(Universal)

À écouter si vous aimez /
Abd Al Malik, Renaud, Montréal