Alexandre Poulin : Clair-obscur
Musique

Alexandre Poulin : Clair-obscur

Telle une veilleuse qui brille et vainc l’opacité, Alexandre Poulin lance Une lumière allumée.

Première journée de studio. Alexandre Poulin passe prendre Éric Goulet, qu’il a recruté pour la réalisation de son nouvel album. "Quelle journée Disques Victoire viennent?" demande le membre du groupe Les Chiens, habitué de fonctionner sous le regard inquisiteur des maisons de disques qui l’embauchent. "Oublie ça. Nous, on leur fournit le disque et eux, ils vont le vendre", répond l’auteur-compositeur, qui nous relate cette anecdote avec le talent de conteur qu’on lui connaît. "On peut donc faire ce qu’on veut?" ose Goulet, incrédule et ravi. "Oh que oui!"

Oubliez les histoires d’artistes qui se sentent avalés par la machine; l’ancien Sherbrookois demeure le maître à bord de son projet musical. "J’ai l’impression d’être sur un des labels les plus solides de l’industrie. On me fait confiance. Ce que j’apprécie surtout, c’est qu’ils ont compris ma différence."

Oui, Alexandre Poulin fait de la chanson, mais le concept couplet-refrain, il ne connaît pas trop. "Moi, j’ai jeté ça dès le départ." Son livret? Un véritable recueil de nouvelles. La question bébête de l’entrevue: comment fait-il pour se souvenir de toutes ses paroles? "(Rires) Un, comme je les écris, c’est facilitant. Et deux, comme c’est souvent une histoire, il y a une cohérence. Il faut juste que je m’écoute… Ce sont des chansons-fleuves."

Cette densité de mots permet une affiliation avec le storytelling américain et des chanteurs tels Brel et Aznavour. Elle est là, la différence d’Alexandre Poulin. "En ce moment, la mouvance est à autre chose. Il y a un bel effort pop qui se fait, avec Alex Nevsky, par exemple. Ce sont de belles propositions, mais moi je suis dans le texte avant tout. Je ne voulais pas annihiler ça. Le côté auteur et raconteur, je l’assume plus que jamais."

Présence lumineuse

Une lumière allumée est le deuxième album d’Alexandre Poulin pour les Disques Victoire. "Dans ma tête, c’est mon cinquième. Avant, j’ai fait des démos, des albums autoproduits… mais j’ai trouvé ça plus rough que je pensais." Après de nombreux spectacles un peu partout au Québec, c’est en janvier dernier qu’il s’est acharné à l’écriture de nouvelles chansons; une seule plus ancienne fut rafistolée pour l’occasion, soit La Misère de Paris. "Ça fait un album qui représente plus qui je suis en ce moment."

Musicalement, il est ravi de sa collaboration avec Éric Goulet. "Étant un fan de Monsieur Mono, je trouvais intéressant de bénéficier de ses ambiances, mais là, elles sont plus lumineuses que d’habitude. Il devait habiller mes chansons tout en conservant de l’espoir, de la lumière. Une lumière allumée, c’est quelqu’un qui t’attend, qui pense à toi quelque part. Je ne dirais pas qu’on est dans une période noire, mais je veux juste refuser le négativisme ambiant."

D’ailleurs, la lumière revient souvent dans les chansons, sous différentes formes, tout comme les arrangements de cordes. "C’est paradoxal, mon affaire. C’est très folk, fingerpicking à la Kelly Joe Phelps, et je voulais que ça demeure acoustique, mais j’avais cette envie d’un volet très orchestral. Avec Éric, grâce à son intelligence, on s’est servis de la musique pour que ça forme un tout."

Alexandre Poulin
Une lumière allumée
(Victoire / DEP)

À écouter si vous aimez /
Richard Desjardins, Vincent Vallières, Monsieur Mono