Charlebois : Avec le temps
Musique

Charlebois : Avec le temps

Charlebois se paye un album aux arrangements sophistiqués sur lequel il chante la vie, l’amour, la mort et les souvenirs d’hier.

C’est un Charlebois détendu et souriant qui nous accueille dans les locaux de l’étiquette de disques La Tribu. En parlant de choses et d’autres avant d’entrer dans le vif du sujet, en l’occurrence son nouvel album Tout est bien qui sera lancé le 25 octobre, la discussion bifurque vers Kent Nagano puis Frank Zappa, ami de longue date du chef d’orchestre de l’OSM et que Robert Charlebois a aussi connu et côtoyé lors de son séjour en Californie, vers la fin des années 60.

Des souvenirs, Robert Charlebois en a beaucoup, et il en partage justement quelques-uns sur son 23e album Tout est bien, un disque sur lequel l’artiste marque le temps qui passe, la mort, la vie, l’amour. Des chansons qu’il a écrites, d’autres que lui ont livrées Jean-Loup Dabadie et David McNeil, et même une adaptation d’une lettre olé olé que Mozart écrivit à sa douce et une autre, très touchante, d’un texte de saint Augustin sur la mort, le tout porté par des musiques aux arrangements somptueux ou alors plus sobres et simples. "Il n’y a plus de disques élaborés aujourd’hui, constate Charlebois. Pour les arrangements, depuis Je reviendrai à Montréal, je ne pense pas avoir fait de disque aussi coloré et aussi large: section de cordes, cor français, percussions, trombone, vibraphone, Hammond B3, timbales… Aujourd’hui, les artistes ne veulent plus engager des timbales et des cuivres, ça coûte trop cher pour un disque qui risque d’être plus piraté que de se vendre."

Sur Tout est bien, le Garou original parle de ses souvenirs d’enfance, des larmes de sa mère, de son père qui maudissait l’hiver, des parties de hockey au Forum, de ses premières blondes, de l’époque où il vénérait Elvis en 56 et… de l’Amour. À 66 ans, Charlebois se sent-il plus romantique et nostalgique? "Oui, il y a une certaine forme de nostalgie sur ce disque, mais ce n’est pas un disque mélancolique; on a souvent tendance à confondre ces deux mots, précise le chanteur. J’espère que ce ne sera pas mon dernier album, mais si ce l’est, je n’aurai pas honte. Je l’ai fait dans ce sens-là", avoue sans détour Charlebois avant de poursuivre: "Je me livre peut-être un peu plus sur ce disque, mais je me suis déjà mis à nu auparavant, prends par exemple la chanson Alcool qu’on retrouvait sur mon précédent CD. Par contre, des chansons d’amour, j’en ai pas fait tant que ça. Sur mes premiers albums, jusqu’à Avril sur Mars, y avait jamais de chansons d’amour! Il y en a beaucoup sur mon nouveau, cinq ou six. Si on regarde ce qui reste des grandes chansons, de 1930 à aujourd’hui, en France ou aux États-Unis, ce sont surtout des chansons d’amour qui restent. Mais faut toujours trouver un nouvel angle pour parler d’amour et j’essaye d’être vrai et de faire de mon mieux, insiste le gars ben ordinaire. Quand tu fais un disque, c’est pour toi et pour l’éternité. Une chanson qui traverse les décennies comme Lindberg ou Je reviendrai à Montréal, c’est merveilleux! Les hommes ne peuvent pas avoir d’enfants, donc ils créent, ils veulent laisser des traces, et moi c’est comme ça que je fais mes disques. J’essaye de faire de l’art, du beau, en français. Car c’est un engagement que de chanter en français. C’est une langue belle et riche. C’est bien le joual, mais le beau français aussi, avec une belle mélodie! Alors tant mieux si ça plaît!"

Robert Charlebois
Tout est bien
(La Tribu / Dep)

À écouter si vous aimez /
Jean-Pierre Ferland, Claude Dubois, Lynda Lemay