Die Antwoord : Zeffrayant
Musique

Die Antwoord : Zeffrayant

L’ovni rap-rave Die Antwoord veut faire peur au monde. Mythe ou réalité? Description d’un groupe de petits futés.

Die Antwoord est le genre de phénomène qui n’aurait jamais connu de succès sans les "pouvoirs" du Web et des réseaux sociaux. Personne ou presque n’aurait entendu parler de cette drôle de bande d’Afrique du Sud il y a dix ou quinze ans. Révélé au monde entier grâce à ses clips montrant un rappeur blanc white trash agressif à la coupe de cheveux affreuse et bardé d’horribles tatouages, du genre de ceux qu’on se fait en prison – où le gus a paraît-il séjourné -, une nymphette moitié albinos, moitié mutante et un DJ qui a l’air d’un… DJ, Die Antwoord ("La Réponse" en afrikaner) revient à Montréal, mais cette fois-ci au Métropolis, quelques mois seulement après avoir rempli le National.

Le trio du Cap, composé de l’autoproclamé maître du zef-rap Ninja, de la chanteuse Yo-Landi Vi$$er et du DJ Hi-Tek (remplacé sur la route par son cousin parce qu’il est encore à l’école et qu’il craint l’avion), a lancé son premier album en 2009. $O$ dévoile un hip-hop métissé de pop et de sonorités rave et de zef. Zef? "Zef est un style typiquement sud-africain", explique Ninja, un des nombreux alias/personnages de Watkin Tudor Jones (si c’est vraiment son nom), un vétéran de la scène hip-hop sud-africaine qui a plusieurs projets à son actif (Constructus Corporation, MaxNormal.TV, The Original Evergreen…). "Le zef, c’est un mélange de vieux et de neuf, de trash et de fancy. Chez nous, quand on dit de quelqu’un qu’il est zef, c’est un peu une insulte. Nous, ce style nous plaît, ce côté insultant, dérogatoire… Il y a une saveur là-dedans. Alors on a décidé de créer une musique basée sur le style. On est les premiers à inventer une musique zef et à la présenter au monde comme on le fait", précise Ninja au bout du fil. "Avant, quand on faisait d’autres sortes de musique, on déconnait et on essayait des trucs jusqu’à ce qu’on trouve LA zone zef, celle où on est présentement, et qu’on se dise: ah fokk, la zone où on est en ce moment, c’est LA fokken zone. Indestructible! Mais ça, c’était au moins trois ans avant qu’on ne s’intéresse à nous! Donc cette zone, on l’a nommée Die Antwoord, la réponse à ce qu’on cherchait depuis longtemps comme formule parfaite."

Chez Die Antwoord, rien n’a été laissé au hasard. La bande sait exactement comment attirer l’attention en utilisant à son avantage les réseaux sociaux et Internet. Par le biais de ce style zef, le groupe s’est inventé des personnages de hillbilly d’Afrique du Sud déjantés et aux noms débiles, un genre de patois ponctué d’innombrables "fokken", et une histoire de vie probablement cousue de toutes pièces mais tout à fait plausible. Des tronches et des looks pas possibles, du genre qu’on retrouverait dans un film de David Lynch, cinéaste qui, selon Ninja, a grandement influencé l’esthétique du groupe, tout comme Harmony Korine et Neill Blomkamp avec qui le trio a déjà collaboré. "Il y a aussi le gangster rap et Aphex Twin qui m’ont influencé, rajoute Ninja. Il n’y a rien qui m’ait réellement fait exploser la tête récemment… Ça fait longtemps que je n’ai pas entendu quelque chose qui me plaît en musique. Ce qui fait qu’on est en quelque sorte influencé par toute cette merde pop qui sort depuis les dix dernières années puisqu’on est en réaction à tout ça. On est influencé par la pop, on fait de la pop, on influence la pop."

À voir si vous aimez /
MaxNormal.TV, Watkin Tudor Jones, The Constructus Corporation