Gwar : Métal hurlant
Musique

Gwar : Métal hurlant

Gwar célèbre 25 ans de folie pure et de heavy métal sanglant. Discussion avec le fondateur du groupe le plus étrange de la scène musicale américaine.

La conversation débute avec Oderus Urungus, une créature démoniaque sortie de l’espace, atterrie sur notre planète pour nous donner la raclée de notre vie, et personnifiée par Dave Brockie, fondateur et chanteur du groupe Gwar. Brockie passe de l’un à l’autre, s’exprimant ouvertement avec des opinions qui tranchent et un sens de l’humour exceptionnel. Tout y passe: les 25 ans de Gwar, le heavy métal, la censure et la politique américaine. Avec son langage coloré, cet iconoclaste nous fait presque penser à Frank Zappa et ses sorties publiques délirantes contre l’industrie et l’establishment de la société américaine.

"Dans n’importe quel business, tu trouves toujours des gens qui sont là pour les mauvaises raisons, constate-t-il. Pour moi, le punk-rock et le heavy métal, c’est la révolution. On fait cette musique pour rassembler des gens dans une salle afin qu’ils puissent se défouler sans réserve. C’est le seul endroit où l’on peut envoyer promener l’establishment. Le heavy métal, ce n’est pas la place pour les artistes poseurs qui se masturbent l’ego. Nous, c’est le wild, la rébellion et la liberté du rock’n’roll. Le heavy métal a transformé la musique, il ne faut pas oublier ça. Gwar continue de porter le flambeau de cette liberté."

Avec un nouvel album intitulé Bloody Pit of Horror, la formation américaine nous promet encore beaucoup de sang (synthétique). Elle n’a rien perdu de son lustre gore qui a contribué à en faire un phénomène unique. Flattus Maximus, Balsac the Jaws of Death, Beefcake the Mighty et Jizmak Da Gusha complètent cette armée de mutants difformes qui n’ont jamais fait de compromis. Si, dans les années 80, Gwar pouvait choquer, le groupe jouit maintenant d’une renommée acceptable qui lui ouvre même les portes de la télévision, alors qu’il se présentera au Late Night Show de Jimmy Fallon. Mais attention, les musiciens ont toujours du mordant et rejettent les flatteries.

"Regarde ce qu’est devenu Metallica, indique-t-il. Il a fait un film sur une putain de thérapie de groupe… C’est complètement ridicule! Ces musiciens sont devenus une bande de suckers trop riches qui ne font que se plaindre. Qu’est-ce qu’on en a à foutre de leurs états d’âme? J’étais un grand fan de Metallica. Mais maintenant, je constate que tout le monde peut être corrompu et sombrer dans la médiocrité. Gwar, c’est 25 années de création. Nous ne sommes pas les plus riches, mais nous avons toujours respecté le heavy métal. We keep it real! Nous sommes la police des moeurs du heavy métal!"

Et parfois même la police de la moralité américaine, pourrions-nous ajouter. En 1992, Gwar avait fait mouche avec l’album America Must Be Destroyed. En spectacle, le personnage de Brockie s’était alors affublé d’un gigantesque phallus cracheur de sang (synthétique…), petit détail que certaines autorités n’avaient pas apprécié. "Cet album dénonçait l’hypocrisie d’une société américaine qui ne fait que mentir. Près de 20 ans plus tard, je constate que c’est encore d’actualité."

À écouter si vous aimez /
Metallica, Slipknot, Death Piggy