Daran : Dormir dehors

Au moment de titrer ce papier, on pense à la chanson la plus connue de Daran, du temps où son groupe s’appelait Les Chaises. Mais quoi? Le chanteur ne souhaite plus dormir dehors. La preuve, il se cherche un logement à Montréal pour s’exiler en nos terres. Il connaît l’île depuis longtemps et souhaite désormais y installer ses pénates. On le rencontre donc dans un hôtel de la métropole avec, sous le bras, une première compilation (Couvert de poussière) et une BD qui s’en inspire, ou vice-versa. Sur le CD se trouve un morceau inédit qui, très entraînant, joyeux et "défouloir", a toutes les chances de devenir un autre tube. Le problème, c’est que ça ne fait pas un bon titre d’article: Les filles qui font la gueule.

Souriant, détendu, Daran raconte la genèse du projet: une BD originale dont l’histoire est entièrement inspirée des chansons de l’artiste. Tous les textes qui s’y trouvent en sont extraits. Pas d’ajout. Pur jus. Les mots sont du chanteur ou de ses paroliers. Toutes époques confondues. "Au départ, le bédéiste Michel Alzéal (que je ne connaissais pas) est venu nous voir avec ce projet assez avancé, juste pour avoir les autorisations. Quand on a vu ça, on s’est dit qu’on n’allait pas laisser ce jeune homme tout seul dans la nature! C’était très impressionnant, faire un scénario avec que des phrases de mes six albums. On y suit l’histoire d’un couple. Ce qui a dû lui faciliter la tâche, c’est que mes chansons sont écrites au je, avec un côté quotidien, et par des auteurs qui ont de la consistance."

Pas besoin d’être un dingue de BD (comme l’avoue le chanteur) pour apprécier ce travail: la lecture est passionnante, elle souligne la cohérence de l’univers Daran. Ça va au-delà de l’exercice de style. Et du livre, on peut passer au disque. "La première idée, c’était de glisser un CD dans la BD avec les chansons les plus utilisées. Puis on a décidé de retourner en studio pour en réenregistrer quelques-unes. Certaines, comme Dormir dehors, sont rejouées pareil, juste pour le plaisir de les rejouer. D’autres bénéficient de nouveaux arrangements. Par contre, pour Via Felicita, j’ai mis la version originale, car elle était trop complexe, avec sa guitare et son harmonica."

Désormais, c’est l’épreuve de la scène. Daran sera seul avec sa guitare acoustique mais, dans sa valise, il emmène avec lui Michel Alzéal. L’un chante pendant que l’autre dessine. "Autant être complètement déshabillé. Guitare-voix, ça me permet une mobilité. Ses dessins seront projetés au fur et à mesure. Il a déjà prévu des choses peintes, du fusain, du noir et blanc, de l’encre… Il y aura une recherche d’interactivité. Il ne fera jamais les mêmes dessins. C’est très excitant!"

Pour se procurer des billets, il faudra peut-être se hâter, faire la file, voire dormir dehors.

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