Djmawi Africa : Génération spontanée
Djmawi Africa, un collectif bouillonnant, arrive d’Algérie pour donner son premier concert en Amérique du Nord au Festival du Monde Arabe. Délire garanti.
Voilà un groupe dont la naissance n’a pas été préméditée. Il est né sur scène, au hasard d’une rencontre en 2004, dans un concert étudiant à la faculté de commerce, à Alger.
"J’avais fini mes études, mais j’étais encore actif dans l’association culturelle, explique le sympathique guitariste Abdou, au téléphone depuis Alger. Je tombe sur ce chanteur qui dégageait une énergie exceptionnelle; je me rapproche de lui sans être invité. Je jouais du goumbri. On a commencé à jammer; le percussionniste et le bassiste se sont joints à nous. Plus tard, on a renforcé ce noyau avec l’arrivée du saxophoniste qui joue aussi de la clarinette. C’est une histoire banale. Mais ça fait six ans qu’on ne se quitte plus!"
Six ans et des centaines de concerts qui ressemblent à des marathons improvisés de musique progressive fortement métissée. Une boisson populaire leur offre une commandite et un "Mama Bus" dans lequel ils embarquent plein de fans et partent vers le Sahara jouer dans tous les villages du désert.
"On n’avait pas prévu faire la carrière qu’on a eue, enregistrer des albums, aller jouer ailleurs. Le pays a traversé une période très violente, très difficile, et dès que l’insécurité s’est tant soit peu dissipée, les gens ont ressenti un besoin irrépressible de sortir, de vivre, de consommer la culture locale."
Ils seront huit au concert mais, une chose est sûre, ce groupe mise tout sur la scène et se donne à fond. Djmawi est un mot inventé de toutes pièces en collant deux phonèmes arabes tirés des mots groupe et gnaoui. Quant à Africa, c’est rarissime qu’un groupe nord-africain blanc ou de souche arabe revendique cette appellation!
"Africa, c’est la démarche artistique du groupe, précise Abdou, le message que l’on veut faire passer dans notre musique, nos textes, nos actions. On veut se tourner vers les origines africaines de l’Algérie car, pour nous, les jeunes, le problème identitaire se pose beaucoup. Ces dernières années, on regarde plus vers l’Europe ou le Canada, quitte à fuir ce continent où il y a des merveilles et tant de choses à faire économiquement, socialement."
Le 29 octobre, à 20 h
À L’Astral dans le cadre du Festival du Monde Arabe
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Pour sa 11e édition, le Festival du Monde Arabe a peut-être limité quelque peu ses ambitions dans l’ensemble. N’empêche qu’à part le fonds de commerce qui nous garantit déjà un lot de surprises exclusives à cette manifestation (Djmawi Africa, en ouverture, en est un bel exemple), il reste quand même des coups d’éclat inénarrables qui sont la marque de la maison. La palme, cette année, revient à l’opéra arabe Zajal de Zad Moultaka (au Théâtre Maisonneuve, le 12 novembre) – tout un défi! – ainsi qu’au spectacle de clôture Les Cowboys soufis, mettant en scènes des musiciens britanniques et texans convertis au soufisme. Chocs culturels, vous dites? www.festivalarabe.com