Guillaume Arsenault : Un son vaut mille mots
Musique

Guillaume Arsenault : Un son vaut mille mots

Avec sa guitare acoustique, Guillaume Arsenault saute à pieds joints dans un univers sonore qui prend forme et s’illustre dans les moindres détails. Les yeux fermés, vous y serez.

À l’écoute de son dernier disque, on se retrouve devant un monde sonore particulier qui enveloppe un folk intimiste et poétique. L’auteur-compositeur-interprète Guillaume Arsenault a pris son temps depuis la réalisation de son deuxième album, Le Rang des Îles (2007), pour trouver l’équation parfaite entre acoustique et électronique avec Géophonik en 2009. Une électro qui est devenue une musique concrète (qu’il appelle "tronika") et qui dessert son propos.

Sa rencontre avec le contrebassiste et réalisateur Érik West-Millette – qu’on a déjà vu aux côtés de Thomas Hellman il y a quelques années – en fut déterminante pour l’artiste qui a pu parachever cette vision musicale. "Tu choisis une direction sans trop savoir ce que tu vas rencontrer sur ton chemin, illustre-t-il. Tu vois l’arbre en haut de la montagne et tu y vas. Je trouve que nous avons finalement dépassé notre objectif avec Géophonik. J’avais rencontré Érik lors d’un concert avec Marie-Jo Thério, ça a cliqué et on a appris à se connaître. Autant je me concentrais sur les échantillonnages et l’illustration sonore des chansons, autant Érik revenait à la base du folk et de l’acoustique. Mais l’objectif final était partagé."

Il en découle 14 pièces offrant un périple évocateur, ponctué de slide, de banjo et de dobro, qui dévoile aussi une démarche d’auteur assumée. "Tous ces échantillonnages illustrent un décor, précise-t-il. C’est l’espace-son dans lequel se déroulent la chanson et son histoire. On ne voulait pas tomber dans le bruitage, même qu’on a doublé quelques échantillonnages avec des instruments telles la guimbarde ou la caisse claire." Une troisième couche sonore anonyme qui contribue à donner une touche organique à cette réalisation.

Une autre actrice importante, Martine H. Crispo, musicienne et conceptrice sonore en art actuel, s’est jointe – presque à reculons – au concept musical imaginé par Arsenault. "J’avais besoin d’elle pour peaufiner les ambiances sonores. Dans le milieu de l’art actuel, les gens sont parfois puristes. Ils sont habitués aux métissages des genres, comme fusionner la musique à l’art visuel, mais la chanson pop… Il n’était pas question pour elle de travailler avec des rythmes ou des beats et l’exercice aurait pu être assez chaotique. Elle est embarquée dans notre projet et elle s’est occupée de la "dentelle". Tout ce qui habille les bruits qu’Érik et moi avions échantillonnés, c’est elle. Nos sons étaient assez virils et carrés. Son travail est beaucoup plus subtil et ça a rehaussé le tout."

La question est maintenant de savoir comment le Gaspésien reproduira sur scène cet univers qui lui est propre en compagnie de Jean-Guy Leblanc (contrebasse), Éric Dion (dobro, lap steel) et Éric Proulx (batterie). "On a gardé le même esprit de création qu’on a vécu lors de l’enregistrement de Géophonik et on laisse beaucoup de place à l’improvisation. Sur l’album, tu remarques facilement ces espaces où il pourrait se produire quelque chose d’autre, les possibilités sont multiples; mais on n’avait pas le choix de fermer les parenthèses."

À écouter si vous aimez /
Thomas Hellman, Éric Goulet, The Notwist