Organ Mood : Soldats de lumière
Musique

Organ Mood : Soldats de lumière

Organ Mood fait fi du formatage de l’industrie et partage ses Grands Projets. Musique géométrique dans un environnement électronique.

Ils ne sont pas les plus grands adeptes des feux de la rampe, mais Christophe Lamarche-Ledoux (The Man Machine, ex-Sexyboy) et Mathieu Jacques sortent de l’ombre avec un projet innovant et ambitieux: Organ Mood. Initialement, Christophe explorait seul dans son coin les possibilités transcendantes des musiques électroniques. "Ça a complètement changé quand j’ai voulu collaborer avec Mathieu pour sortir de la "formule". Je vois beaucoup de shows et je trouvais que la musique se trouvait prise dans un format, quant à la durée, la technique… J’avais le goût de quelque chose de différent et Mathieu a permis ça, avec son apport conceptuel, son sens artistique."

Organ Mood est donc né de la rencontre entre un musicien et un artiste en arts visuels. "C’est vraiment ça. Il n’y avait pas d’Organ Mood avant l’arrivée de Mathieu." Au dire de Christophe, une relation d’interdépendance artistique s’est rapidement installée. "On improvise ensemble, on s’influence. Quand Mathieu n’est pas là, c’est difficile pour moi de faire quelque chose d’Organ Mood." Ainsi, au coeur de décors à géométrie variable, une musique hypnotique et psychédélique vient compléter le paysage.

RITUELS ET AUTRES MANIFESTATIONS

Comme pour confirmer qu’Organ Mood s’inscrit autant en musique qu’en arts visuels, Christophe Lamarche-Ledoux souligne l’influence qu’a eue l’artiste montréalais Massimo Guerrera sur lui et son acolyte. "Il fait dans l’esthétique relationnelle. On est allés voir une de ses expos. Il avait vraiment créé un environnement. À partir de là, on s’est motivés à impliquer les gens dans notre projet."

"On aime bien dire que les sensations du spectateur sont au centre de nos créations, poursuit-il. On veut que les gens sortent de nos événements et se disent que s’ils n’avaient pas été là, ça n’aurait pas été pareil." Pour y arriver, Organ Mood s’installe souvent en plein milieu de la salle – "La distance entre la foule et l’artiste disparaît." – et distribue des objets interactifs au public (maracas, masques…).

En spectacle, alors que Christophe se trouve derrière ses claviers et ses machines à bruits, Mathieu Jacques s’active autour de plusieurs rétroprojecteurs. "On en est venus à l’idée des rétroprojecteurs pour faire une performance sous forme de conférence, mais c’est devenu autre chose. Ce que Mathieu fait avec la lumière et les formes, ça te transporte ailleurs, te fait penser à quelque chose qui fait partie de notre oeuvre." Au-delà de l’abstraction, les rétroprojecteurs jouent un rôle très concret. "Ça crée une lumière chaude. Il y a aussi une odeur qui vient avec ça. Tout de suite, une ambiance s’installe."

Grâce à la mixité des genres, le duo peut s’exécuter sur plusieurs terrains de jeu. "On aime investir le milieu du rock. C’est là que les gens sortent; c’est facile d’y rejoindre les gens. En galerie, c’est un autre public. On travaille aussi avec lui. On veut toucher tout le monde."

Pour y arriver, Organ Mood propose trois types de manifestations. Il y a le spectacle-performance – "C’est ce qu’on fait lorsqu’on assure une première partie de show rock. On ne peut pas prendre tout l’espace." -, le rituel – "On joue très longtemps. Il y a plus d’improvisation et de participation du public. L’environnement est davantage immersif et on y accueille les gens comme il faut." – et l’atelier, qui prend la forme d’une conférence dans une ambiance musicale. "Chacun peut y discuter de ses grands projets."

LES GRANDS PROJETS

Un discours motivateur, voire philosophique accompagne l’expérience son et lumière d’Organ Mood. Le groupe souhaite vous encourager dans vos "grands projets". Celui du duo: la construction d’un sanctuaire. "On en a trouvé un démesuré. Mais il peut y avoir de grands projets plus simples, comme fonder une famille…"

Ironique? Non. Joyeusement utopique. "Organ Mood fait dans le positivisme. C’est de la lumière, mais ce n’est pas un truc de culte. Notre philosophie peut ressembler à un discours sectaire, mais ça n’a pas la même implication. Si tu participes à un rituel, t’es heureux, inspiré, mais il n’y a pas de carte de membre et on ne prend pas une quote sur ton salaire. (Rires.)"

La seule chose qu’Organ Mood souhaite vous vendre, c’est son disque Grands Projets, sorti à la fin août en vinyle et en format mp3. "Sur l’album, les pièces ont pris une forme plus aboutie. Il y a un peu plus de matériel, sans que ce soit trop chargé. Ça demeure très répétitif, comme ça a toujours été. La musique devait induire les images. Il y a un côté cinématographique. Il fallait tenter de combler l’absence du visuel de Mathieu." La très touffue pochette du LP compense en partie. "On s’est vraiment gâtés. C’est une belle pièce d’art."

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