Zaz : Petite alchimiste
Avec son bagou à la Piaf, Zaz fait tourbillonner ses hymnes à la vie, ses cris du coeur. En novembre, la petite tornade française sera de passage au Québec.
"Eh bien, on vous entend très bien sur la ligne!" s’exclame avec étonnement une dame de l’entourage d’Isabelle Geffroy, alias Zaz, nouvelle sensation de la chanson française. "Je vous la passe." Voilà qui est apprécié, car la jeune femme est en plein coeur d’une importante tournée européenne comportant un seul détour: quatre concerts au Québec lors desquels son quintette proposera un charmant bataclan de jazz manouche et pop, celui-là même qui a séduit un large public. Depuis le premier passage de l’artiste au Québec en juin dernier, son album éponyme flirte avec les premières positions des palmarès français et québécois.
La France étant ce qu’elle est, Zaz a rapidement acquis le statut de star dans l’Hexagone (elle s’est récemment retrouvée aux côtés d’Aznavour sur le plateau télé de Michel Drucker), mais de ce côté-ci de l’Atlantique, on en connaît encore peu sur l’interprète du tube Je veux. Lorsqu’on lui demande de résumer sa petite histoire, la chanteuse aime rappeler que celle-ci n’a rien d’un conte de fées. "Ce fut parfois dur, mais très riche. Je suis très heureuse de mon parcours. J’ai découvert ma passion à 20 ans. Ça fait donc plus de 10 ans que je réussis à vivre de ce que j’aime. De toute manière, quand c’est en toi, tu ne peux pas lâcher."
Ayant fait partie de différentes formations, la chanteuse a connu la "vraie vie de tournée", celle où il faut se serrer les coudes, sans relationniste pour filtrer ses appels. "On partait dans un camion et on faisait tous les petits bleds dans les montagnes. J’ai appris à vivre avec les autres, avec les différences de chacun. Avec certaines personnes, t’as parfois l’impression que ça ne va pas coller, mais je me suis rendu compte que c’est souvent d’elles que j’apprenais le plus."
Quand on veut, on peut
On claironne beaucoup que le chanteur français Raphaël lui a écrit quelques chansons, mais Zaz considère que la rencontre déterminante pour sa carrière solo fut celle avec Kerredine Soltani, "un électron fou, fou, fou" de l’industrie de la musique, à qui elle a écrit sur Internet. "Il y avait un mot comme quoi il cherchait une fille à la voix cassée. Pour rigoler, j’ai dit "Ça, c’est moi. J’suis Zaz." Je lui ai présenté mon MySpace. Il m’a ensuite demandé si je voulais faire un album et m’a écrit Je veux. Par la suite, j’ai écrit des textes alors qu’en fait, je ne pensais pas que j’allais écrire. Et Raphaël, on l’a rencontré pendant la création de l’album."
Même si Je veux n’est pas une de ses compositions, Isabelle Geoffroy porte cette chanson en elle. "Je la vois comme un cri du coeur. Ce sont des valeurs importantes à exprimer, car on est un peu pris dans ce tourbillon de consommation. C’est un cri de vie. Je le fais pour moi, mais en concert, lorsque les gens chantent "Je veux d’l’amour, d’la joie", au moins ils le disent, et comme ça, il y a de bonnes chances que ça arrive." Pour elle, la chanson évoque également une période de sa vie où elle chantait sept soirs sur sept dans un cabaret. "J’avais un tel besoin de chanter. Je n’ai pas vu le temps passer. Après un moment, je n’apprenais plus, mais je restais pour la sécurité d’emploi, parce que je gagnais assez bien ma vie. Je veux, c’est ce choix de faire les choses qu’on aime tout en faisant de l’argent, et non pas POUR faire de l’argent."
Cette nuance, ce n’est pas tout le monde qui l’a bien saisie. Une petite polémique a d’ailleurs mis brièvement du plomb dans l’aile de la joie de vivre de Zaz. "Des gens disaient que j’étais un produit marketing, que c’était démago, je ne sais pas… De la méchanceté gratuite. C’est une petite minorité, mais c’est toujours blessant." Voyons ça comme la rançon de la gloire. "Mais c’est bien, car ça m’a fait travailler sur moi."
Autre étrange retombée de sa nouvelle notoriété: quelques vidéoclips de 4P, un groupe de rap dont Zaz faisait partie, cartonnent sur YouTube. On peut y voir la chanteuse tout sourire, s’amusant ferme à débiter d’humoristiques refrains. "J’assume tout ce que j’ai fait. 4P, c’est une bande de copains, des gens sur qui je peux compter, et on fait des choses pour être entre nous, pour la musique… Ils sont complètement fous et on se marre." Avouez qu’il y a pire comme squelette dans le placard… Parlez-en à Coeur de pirate.
À voir si vous aimez /
Édith Piaf, Fréhel, Sanseverino