La Saltimbande : Jouer dans la rue
Après une absence de sept ans, la formation La Saltimbande a fait paraître l’album Salsatyre, qui prend maintenant vie sur scène.
Tous issus à l’origine du milieu punk, les trois membres de la formation La Saltimbande se consacrent maintenant à des chansons acoustiques dotées d’arrangements très riches. Quand on leur demande s’ils sont nostalgiques de cette époque plus bruyante, le guitariste et chanteur Yann Dessureault ne cache pas que la tentation de réintégrer de l’électricité a plané pendant un certain temps. Toutefois, selon le flûtiste Pier-Luc Tremblay, ces questionnements auront porté fruit en quelque sorte: "Ça nous a permis de comprendre que ce qui nous manquait dans le punk, c’était le côté engagé et particulièrement le répertoire de Bérurier Noir. C’est pour ça qu’on reprend maintenant certaines de leurs chansons et qu’on aime s’inspirer de ce que ce groupe-là dégageait."
Sans verser dans l’amertume, Dessureault a une vision très pondérée de l’industrie de la musique. À vrai dire, on est bien loin des propos d’un star-académicien: "On avait un album en stand-by en 2003, mais finalement, on n’avait pas tous les mêmes objectifs. À l’époque, on avait une bonne ouverture avec Local Distribution, mais sept ans plus tard, l’industrie a beaucoup changé. Ça fait longtemps que j’essaie de comprendre comment ça fonctionne et en gros, la seule chose à savoir, c’est que là-dedans, tu embarques ou tu n’embarques pas. Nous, on est prêts à se tremper l’orteil. L’eau n’est ni chaude ni froide." De son côté, Pier-Luc pousse la réflexion à un autre degré: "Selon les humeurs, il y a toujours au moins quelqu’un dans le groupe qui serait parfois prêt à s’investir à temps plein dans la musique, mais même là, est-ce que la société est prête à accorder ça à notre musique?"
Le trio, qui compte notamment l’accordéoniste Guillaume Bégin dans ses rangs, entretient une excellente réputation en spectacle. À ce propos, Dessureault évoque que l’intégrité du groupe joue beaucoup en ce sens. "Quand ta musique reflète ce que tu aimes, les gens s’en aperçoivent. Aussi, c’est pas parce que nos chansons ressemblent à ce qu’ils ont écouté la veille que le monde les aime, c’est parce qu’elles sont vraies."
Cette quête d’authenticité explique en grande partie le désintérêt du guitariste à propos d’une tendance très lourde dans le milieu de la chanson au Québec. "Dans la musique, côté compétition, on n’est vraiment pas fervents de ça. Dans tous les arts, que ce soit en peinture ou en comédie, tu ne vois jamais de concours, mais en chanson, il faut toujours que ça finisse comme ça. Comme si on était des chiens ou des chevaux. Tu arrives sur la scène et là, tu fais de quoi pour que les jurys décortiquent ce que t’es selon leur point de vue qui dépend de tellement de choses. Pour le développement culturel, je trouve que c’est zéro."
À écouter si vous aimez /
Les Têtes Raides, Bérurier noir, La Rue Kétanou