Melissa Auf der Maur : La walkyrie du grunge
Musique

Melissa Auf der Maur : La walkyrie du grunge

Melissa Auf der Maur sort de sa tête et livre son coeur dans une symbiose musicale inusitée, où le rêve domine la réalité.

Elle se trouve en Europe, plus exactement en Suisse. Il est deux heures du matin là-bas… Melissa Auf der Maur aime la nuit. Avec son deuxième album, Out of Our Minds, elle sillonne le circuit des festivals heavy métal depuis le début de l’été. L’artiste montréalaise est dans son élément et semble satisfaite de la prospection qui a cours chez les mélomanes depuis la sortie de son projet multidisciplinaire en avril dernier.

Celle qui, depuis maintenant six ans, mène une carrière solo après avoir été bassiste au sein des formations Hole et Smashin Pumpkins ne s’est pas limitée à nous pondre une production rock "classique", c’est-à-dire un disque et une jaquette. Elle a plutôt confectionné une symbiose entre l’image et la musique, qui s’exprime dans un court métrage réalisé par Tony Stone et dans une bande dessinée stylisée. Ce n’est pas pour rien qu’elle a choisi le Chicago Art Department pour dévoiler ce qui lui a pris plus de trois ans à compléter. "Tu vois, là-bas non plus je n’avais pas mon groupe, alors je me suis concentrée sur l’exposition de la BD et la projection du film. Ce que j’offre aux gens, c’est une somme qui est décomposable. Trois médiums d’expression qui me passionnent. Mais les fans de musique peuvent se limiter à l’album, même à une ou trois chansons… Aujourd’hui, il n’y a plus de forme standard pour mettre un album en marché."

Le résultat est une fresque mythologique qui nous plonge dans l’état émotionnel et psychique de cette grande rousse. Une exposition musicale qui ne met pas de côté ses racines grunge non plus. Mais surtout, Auf der Maur aime faire l’impossible et mener à terme ses rêves. Avec Glenn Danzig à ses côtés, elle a signé un duo historique avec la chanson Father’s Grave. Il faut comprendre que le légendaire chanteur des Misfits et de Danzig n’a jamais collaboré avec qui que ce soit dans l’ensemble de sa carrière, qui s’échelonne sur plus de 30 ans…

"Lui aussi c’est un personnage mythologique! constate-t-elle en riant. La création provient souvent d’un rêve qu’on cultive. J’ai écrit cette chanson comme si c’était une offrande. Je l’ai écrite pour lui, avec ce personnage du fossoyeur qui peut guérir l’âme d’une jeune fille. J’ai fait un démo de ce duo, avec ma voix et les mélodies. Je lui ai envoyé une lettre personnelle, qui résume ma vie et la relation que j’ai entretenue avec mon père [le journaliste et polémiste Nick Auf der Maur]. Je lui ai exposé toute l’influence que cet homme a eue sur moi. C’est dans cette forme que j’ai envoyé cette invitation à Danzig. Et je n’avais pas son adresse personnelle, seulement une adresse publique… Six mois plus tard, il m’a appelée pour me dire qu’il aimait cette chanson et qu’il acceptait mon offre. Il n’y a pas eu de gérant, pas de contrat. Father’s Grave, c’est une chanson, une histoire, et un rêve de jeune fille!"

Les rêves ont marqué la carrière polyvalente d’Auf der Maur. Elle en a réalisé plusieurs. Mais dans son cas, l’ambition ne nourrit pas le coeur. À preuve, ce récit qu’elle nous fait de son entrée officielle dans le groupe Hole en 1994. "Je revenais de l’université et Courtney [Love] m’a appelée. On l’avait informée que "la fille de Montréal" ne voulait pas jouer dans son groupe… J’aimais ma vie, mes études et mes projets. Elle m’a parlé pendant des heures et m’a convaincue de lui rendre visite à Seattle. Quand je suis arrivée là-bas, Courtney et Patty Schemel [batteuse de Hole] m’attendaient. C’est lorsque j’ai vu le visage de ces deux femmes que je me suis rendu compte que c’était le destin. Il fallait que je sois dans ce groupe. Pas seulement pour la musique. Kristen [Pfaff, bassiste] était décédée peu de temps auparavant; et juste avant ça, Kurt [Cobain] était disparu… J’avais en face de moi un monde très triste. Elles avaient besoin de lumière et d’espoir."

À écouter si vous aimez /
Smashing Pumpkins, Hole, Garbage