Pete Möss : C'est un jeu dangereux
Musique

Pete Möss : C’est un jeu dangereux

Parce que les rockeurs ne tolèrent pas longtemps les ordres, Pete Möss s’aventure, seul, avec Music in Dangerous Places.

Dangereux de faire une entrevue dans l’arrière-boutique du Bar Le Magog? Ce serait de l’abus de langage, même si le risque d’être interrompu par un videur qui vient quérir une caisse de grosses quilles ou une serveuse qui retouche son mascara vous guette. Les gars de Pete Möss, habitués à ce genre de rituels, ne s’en formalisent pas et marquent le début et la fin de chacune de leurs réponses d’un rire gras. Le sujet: leur nouveau EP, Music in Dangerous Places.

Passage à l’autoproduction pour le quintette, qui avait lancé ses deux précédents albums sur Kay Productions. Est-ce ce danger, celui de repartir à zéro, pour citer Joe (Bocan), dont il est question? "L’idée, c’était de pouvoir aller à notre rythme, de ne pas se faire pousser dans le cul", explique Sylvain Tremblay, alias North Coaticook Sly, guitariste rythmique. "On était sur le point de perdre notre innocence. La compagnie pouvait dire: "Tim [Brink, chanteur], mets pas ce chandail-là", demandait à approuver le design de la merch."

L’absence de réalisateur de renom (c’était Matt DeMatteo la dernière fois) ne vient pas forcément, non plus, avec des inconvénients. Les solos de guitare – crus, stridents, scandinaves -, signés Jean-Maxime Cabana, alias Johnny Maximum, égratignent comme jamais. "La technique employée, c’est surtout le temps. On n’avait pas la pression du studio à 250 $ de l’heure, où tu te fies sur le tech pour un bon son et tu chiales au mix si tu n’es pas content. J’ai pu gosser à la source avec des micros. Ça n’a pas l’air rock mais, entre deux solos, j’avais le temps de donner le biberon."

ROCK 360

EP en forme de camaïeu rock, Music in Dangerous Places voit Pete Möss balancer ses chansons les plus accessibles et les plus rentre-dedans, de l’alterno-glam à la Buckcherry au speed metal à la Mötorhead. Qui trop frenchkisse mal étreint? Non, selon Martin "Garth" Beauregard, batteur: "On a un souci pop, des hooks, qui ne vont peut-être pas plaire à l’underground, et on a des guitares, et moi qui tape trop fort, qui ne plairont pas au monde pop. En même temps, on peut faire la première partie de Jonas et d’un band death metal comme Three Inches of Blood. On n’est le meilleur ami de personne, mais on est l’ami de tout le monde."

Dans la tradition rock inaugurée par Robert Plant et arrosée jusqu’à plus soif par le hair metal, bien qu’avec un surcroît d’humour caricatural, Tim Brink chante encore une fois des textes qui ne lui feront pas d’amie à la Fédération des femmes du Québec. Exemple de titre: "5000 Whores Power", science-fiction sur une armée de péripatéticiennes. Le principal intéressé n’étant pas là pour commenter, nous demandons à ses acolytes leur point de vue sur la chose. "Il célèbre l’amour avec un grand Q", blague d’abord Beauregard. "Sérieusement, poursuit Cabana, celui qui est le plus mal à l’aise, c’est Tim." "Je trouve ça moins pire que Christine Sixteen [un hit de Kiss]", tranche Garth. "Elle n’est même pas majeure!"

Lisez les réponses de Pete Möss au questionnaire "Dangereux" sur le blogue Du haut de la King.

Pete Möss
Music in Dangerous Places
(Indépendant)

À écouter si vous aimez /
Motörhead, Danko Jones, Buckcherry