Charlie Winston : Musicien du monde
Musique

Charlie Winston : Musicien du monde

Charlie Winston, avec sa bouille sympathique et son éternel chapeau, dépose à nouveau son baluchon au Québec. Le plus dandy des hobos n’a plus de frontières et s’en accommode.

Depuis que Peter Gabriel a pris sa carrière sous son aile il y a trois ans, Charlie Winston est devenu la coqueluche de la France, son disque Hobo a fait l’unanimité dans l’Hexagone l’année dernière et il s’affiche avec un naturel désarmant sur la plupart des scènes du monde. L’artiste britannique, maintenant Parisien d’adoption, s’est même retrouvé aux côtés des Patti Smith, Vanessa Paradis, Matthieu Chedid et Youssou N’Dour sur une même scène au mois de septembre dernier, au Zénith à Paris. À la tête du concert Peace One Day, Winston est devenu, avec l’acteur Jude Law, l’ambassadeur d’une production audacieuse.

"J’étais impliqué au sein de l’organisation et j’ai moi-même invité plusieurs artistes à se joindre au spectacle, dont Matthieu [Chedid] et Vanessa [Paradis], que je connais bien maintenant. Je faisais aussi partie du house band pour accompagner la plupart des artistes; je jouais ainsi à l’homme-orchestre. Ce fut très agréable comme expérience, ça m’a permis de décrocher, de sortir de la routine des tournées et d’aller à la rencontre des autres. De plus, c’est une cause qui me tient à coeur."

L’auteur-compositeur-interprète a même écrit une nouvelle chanson pour l’événement, tout simplement intitulée Peace One Day. Un hymne pacifique qu’il a donné à l’organisme militant du même nom et qui fait de l’artiste, en quelque sorte, un nouveau porte-étendard de la paix. "Oh! Je n’en suis pas là! C’était une célébration musicale. Dans ces circonstances, la politique est mise de côté au profit d’une réunion qui célèbre ce que nous sommes, individuellement, et l’espoir de vivre des jours meilleurs. Bien sûr, ça implique que ces artistes et le public soient contre la guerre. On éveille la conscience, mais il n’y a pas d’endoctrinement. Et les artistes réunis pour l’occasion partagent ce sentiment. Du moins, ils croient à un idéal, à l’espoir; le contraire n’en ferait que des hypocrites. Chacun d’entre nous est en mesure de composer avec son environnement et d’avoir une vie qui met de côté les conflits. Je ne vois pas pourquoi ça ne pourrait pas un jour se concrétiser sur tous les continents."

Loin d’être prétentieux ou de jouer à l’émule de Bono, Winston a les deux pieds sur terre. Cet artiste à la formation classique, qui maîtrise le piano et qui se passionne encore pour Jean-Sébastien Bach et Gustav Mahler, détonne dans le portrait de la musique pop actuelle. Aux antipodes des standards brit-pop, il tarde encore à se faire reconnaître en Angleterre; c’est en France que le public fut le plus réceptif. "Je ne suis pas nostalgique et je ne tente pas non plus de m’inscrire en marge des artistes qui font carrière à Londres. C’est curieux, je reste un musicien classique – merci à maman et papa -, et c’est finalement le jazz qui m’a amené vers la chanson. Je ne suis pas un romantique. Si on distingue une couleur rétro dans ma musique, c’est tout simplement parce que je délaisse l’artifice au profit d’une musique réelle et honnête."

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Nina Simone, James Blunt, Pete Doherty