Été 67 : Automne 2010
Musique

Été 67 : Automne 2010

Avec Été 67, la révélation folk-rock franco européenne pourrait bien venir de Belgique.

Ils sont de Liège; six musiciens polyvalents autant à l’aise avec les guitares, basse et batterie qu’avec le ukulélé, le piano, la flûte traversière ou la clarinette. Un groupe dynamique et charismatique, aux vastes influences, de Dutronc yéyé à Arcade Fire, en passant par Noir Désir et Brassens. Les deux disques complets de la formation, Été 67 (2006) et Passer la frontière (2010), dévoilent une musique à mi-chemin entre le folk enlevé et le rock’n’roll qui swingue… avec des paroles en français.

On semble étonné? En effet, car Été 67 est un des rares nouveaux groupes de Belgique à privilégier la langue de Gainsbourg plutôt que celle de Dylan. "On ne s’est jamais posé la question de la langue. C’est venu naturellement dans la mesure où nous avons toujours donné une importance équivalente à la musique et aux paroles", détaille Nicolas Berwart, joint quelques jours avant qu’il ne s’envole avec son groupe pour le Québec, où la bande donnera une série de concerts. "Nous sommes tous à la base des fans de musique anglo-saxonne, mais on se demande ce qu’on pourrait apporter de plus à cette musique puisque nous ne sommes pas anglophones. À côté de ça, le français est une langue de poésie qui fonctionne vraiment bien. Dans nos influences, il y a tout un pan de rock en français ou de chanson française qu’on adore. Je pense qu’on a un patrimoine hyper riche de chansons en français et pour nous, c’était une belle alliance de pouvoir mélanger nos influences musicales anglo-saxonnes et le fait de chanter en français."

Lorsqu’on lui demande si le fait de chanter en français empêche Été 67 d’être entendu par la communauté flamande néerlandophone, Nicolas Berwart tient à relativiser sans dramatiser. "Ça demeure très difficile pour les groupes qui s’expriment en français de percer en Flandre parce qu’ils sont très protectionnistes envers leurs artistes. Mais on se rend compte petit à petit qu’on commence vraiment à avoir un public là-bas, qu’il n’y a pas vraiment de clivage. Les gens viennent nous voir après les concerts et nous parlent en français, ils comprennent les textes. Il n’y a peut-être pas d’artistes de Wallonie qui marchent là-bas, mais on réalise que ce ne serait pas impossible. Il suffirait d’une chanson! C’est juste très difficile d’être joué à la radio puisqu’il y a très peu de place pour le français en Flandre. Mais on continue à y aller car les signes sont positifs."

La situation politique et linguistique entre Wallons et Flamands étant plutôt désorganisée en Belgique depuis quelque temps, on ne peut s’empêcher d’interroger le musicien à ce sujet. "La Belgique est un pays assez fou. Ça fait plus de 150 jours qu’il n’y a plus de gouvernement et que les négociations ne mènent à rien, résume Nicolas Berwart. Mais par contre, tout le monde s’en fout et tout le monde s’entend très bien. Y a vraiment aucune tension. Ce sont les politiciens qui ont monté ce truc pour des raisons électoralistes. Et quand je dis que la Belgique est un pays assez fou, c’est qu’on se rend compte qu’on peut vivre sans gouvernement depuis cinq mois, sans que ça n’inquiète personne. À côté de ça, y a IKEA qui a provoqué des embouteillages dans le pays après avoir lancé une promotion moules-frites à 5 euros. C’est assez révélateur de la mentalité belge!"

À voir si vous aimez /
Jacques Dutronc 60’s, Mickey 3D, Louise Attaque