Grinderman : Dans le broyeur
Musique

Grinderman : Dans le broyeur

Grinderman n’est pas un projet solo de Nick Cave ni une version réduite des Bad Seeds.

À la sortie du premier album – éponyme – de Grinderman en 2007, nombreux sont ceux qui ont vu dans ce groupe une version réduite des Bad Seeds de Nick Cave, simplement un autre véhicule pour les chansons du ténébreux et charismatique chanteur australien. Qui plus est, personne ne s’attendait à ce que les quatre membres du combo récidivent avec une suite à cet effort initial, tout simplement intitulée Grinderman 2, en septembre dernier. Pour le groupe, il ne faisait aucun doute que l’histoire de Grinderman ne serait pas éphémère. "Je crois que le titre est assez éloquent: Grinderman 2 signifie qu’il y aura un Grinderman 3 et un Grinderman 4 qui vont suivre", observe Jim Sclavunos, batteur et percussionniste au sein des deux groupes. "On se dit que les albums de Grinderman vont se différencier non pas par leur titre mais par l’animal qui figure en couverture (le premier montrait un singe alors que le second affiche un loup). On n’a jamais eu d’idées préconçues avec ce groupe, poursuit-il. Tout d’abord, quand on est entré pour la première fois en studio, on n’avait aucune idée de ce qu’on ferait! On se voyait comme une version réduite des Bad Seeds faisant des chansons de Nick Cave. On a été surpris par ce qu’on a réussi à faire. On a réalisé que les chansons étaient pas mal différentes de celles des Bad Seeds. On s’est dit: pourquoi ne pas composer des chansons en pensant comme un quartette, complètement indépendant des Bad Seeds? analyse calmement le musicien, joint chez lui à New York il y a quelques semaines. "Nous improvisons beaucoup. Il n’y a rien d’écrit ou de répété quand nous entrons en studio, nous créons en direct, sur place, même pour les paroles. Nick est pas mal bon pour improviser des paroles. Je ne pense pas qu’il aurait écrit une chanson comme No Pussy Blues s’il avait été seul à la maison à réfléchir à des paroles de chansons! Mais quand t’es en studio avec tes amis, No Pussy Blues est un truc pas si mal à chanter! Dans un tel contexte, ça a du sens! Donc, c’est un peu comme ça qu’on crée les disques de Grinderman, sur le coup, en s’inspirant du moment."

Grinderseeds

Contrairement aux Bad Seeds où Nick Cave tient le haut du pavé, Grinderman n’est pas un groupe avec un leader défini, même si toute l’attention est portée sur le célèbre chanteur. "Ce que j’aime bien avec le nom du groupe, c’est qu’il désigne un tout, un seul homme. Sinon on se serait nommé Grindermen", tient à préciser l’imposant (2 mètres!) batteur, aussi connu pour avoir été membre des mythiques Teenage Jesus and the Jerks, des Cramps et de 8 Eyed Spy. "Dans Grinderman, j’ai le sentiment que Nick a moins de pression parce qu’il se sent comme un des membres du groupe, au même niveau que tous les autres. Ça doit lui faire un poids en moins."

Si on s’amuse au jeu des comparaisons, il n’y a pas tant de différences entre les Bad Seeds et Grinderman. On pourrait dire sans trop se tromper que la nouvelle entité est le lien manquant entre les Bad Seeds et le Birthday Party, groupe dans lequel évoluait Nick Cave au début des années 80. Des Bad Seeds, Grinderman retient l’élément blues, et du Birthday Party, c’est surtout le côté sauvage qui ressort. "Il y a deux différences essentielles selon moi, souligne Jim Sclavunos. L’une est que Grinderman est un groupe dans lequel il y a moins de musiciens, ce qui crée une dynamique totalement différente. L’autre différence majeure est que nous écrivons la majorité des chansons tous ensemble, alors que les Bad Seeds sont à la base un véhicule pour les chansons de Nick Cave. Il les écrit à part, de son côté, et nous leur donnons vie en studio. Mais il n’y a pas de règles strictes et immuables, les deux groupes sont des cibles mouvantes."

Le spectacle du 12 novembre au Métropolis sera le premier concert que Grinderman donnera à Montréal. En fait, le public de la majorité des villes que visitera le groupe lors de cette tournée nord-américaine verra la bête pour la première fois. "On n’a pas beaucoup tourné avec le premier album. C’est une sorte de problème chronique pour nous. Nous avons tellement de projets différents que c’est assez difficile de se consacrer à un seul avec sérieux. En dehors de nos deux groupes principaux, nous travaillons sur des trames sonores, nous réalisons des albums pour différents groupes, Martyn Casey (basse) joue avec les Triffids, Warren Ellis (violon, bouzouki, guitare…) avec Dirty Three, Nick a publié un livre l’année dernière (The Death of Bunny Munro), nous étions tous à travailler sur un nouvel album des Bad Seeds et je joue avec The Vanity Set… Ça n’arrête jamais."

À voir si vous aimez /
The Bad Seeds, The Birthday Party, The Stooges