Karkwa / Louis-Jean Cormier : Clin d'oeil au ROC
Musique

Karkwa / Louis-Jean Cormier : Clin d’oeil au ROC

Karkwa revient de France, où il en a profité pour roder son dernier spectacle. Après le Polaris et Les Filles de Caleb, le chanteur et guitariste Louis-Jean Cormier retourne à son bien le plus précieux.

La petite controverse créée par le chroniqueur Brad Wheeler du Globe and Mail après la victoire de Karkwa à la dernière édition du prix Polaris est encore fraîche dans notre mémoire. Le dernier disque du groupe, Les Chemins de verre, y a remporté la bourse de 20 000 $, déclassant ainsi Caribou, Owen Pallett, The Sadies et le rappeur Shad, par exemple. Wheeler a fait état que le jury, composé cette année de 4 francophones sur 11 membres, avait été dominé par un "bloc québécois".

L’article a suscité de vives réactions au Québec, entre autres chez quelques blogueurs émérites en quête de plaidoyers, nourrissant ainsi un vieux débat politique et culturel qui ne date pas d’hier. Louis-Jean Cormier et ses complices semblent avoir pris la chose avec désinvolture, jouissant d’une position confortable dans une tourmente presque positive. "On était spectateurs de la controverse, se rappelle-t-il. C’était intéressant. On se rendait bien compte que ce pays est composé de gens bien différents. Pour le groupe, parlez-en en bien, parlez-en en mal, c’est tant mieux. On a pu jouir d’une visibilité supplémentaire. Mais on a tout de même été surpris. On a rencontré les gens du Polaris, les agents qui gravitent autour des autres groupes qui étaient finalistes avec nous, et personne ne semblait avoir d’arrière-pensées par rapport au verdict. La plupart étaient même gênés de ne pas pouvoir parler français. Mon avis, c’est que ce gars du Globe and Mail est d’une autre génération, c’est "passé date" comme argument."

Malgré tout, Karkwa a marqué l’histoire du Polaris en devenant la première formation québécoise à remporter les grands honneurs. Est-ce à dire que les frontières s’ouvrent pour le groupe dans le marché anglophone canadien? "Plusieurs bookers nous ont contactés après cette victoire au Polaris, indique Cormier. Ça pourrait être intéressant. On faisait quand même quelques dates au Canada anglais ces dernières années. Mais il y a encore plusieurs festivals là-bas qu’on n’a jamais visités. Sauf que ça dépend… Nos amis musiciens Malajube et Patrick Watson nous ont fait le récit de leurs tournées au Canada et aux États-Unis… C’est tough. Est-ce qu’on va faire tous les endroits "bruns" pour se faire connaître ailleurs qu’au Québec? Je ne pense pas."

En outre, à peine Les Chemins de verre sorti, Louis-Jean Cormier n’a pu s’empêcher d’accepter l’invitation de Michel Rivard de coréaliser l’album Les Filles de Caleb, la trame sonore de l’opéra rock du même nom. "Je ne suis pas un grand fan de comédie musicale; j’étais un peu la bibitte dans le studio. Michel voulait que je sois le gars qui mette en danger les chansons. Et les interprètes m’ont manifesté une belle confiance. J’ai bien aimé ça, déconstruire les chansons pour les arranger différemment. J’ai constaté aussi que c’est une histoire vraie, très naturelle et organique."

À écouter si vous aimez /
Patrick Watson, Radiohead, Vincent Vallières