Le Husky : De vieux fantômes
Le Husky, habité par les spectres de l’enfance, propose un univers moins sombre avec La Fuite, son deuxième disque.
En 2007, Le Husky (alias Yannick Duguay) lançait Chanson moderne pour cyniques romantiques. Ce premier disque pop mélancolique, marqué par une certaine urgence, fouillait des zones plutôt sombres de la condition humaine: peine d’amour, mort, suicide… Puis, comme si la nuit ne pouvait être éternelle, le musicien montréalais récidivait le printemps dernier avec La Fuite, une seconde galette plus lumineuse (sans être joviale) et plus fignolée. Mais que s’est-il donc passé entre les deux disques?
"C’est que le premier album s’inspirait beaucoup d’une période de ma vie qui datait déjà un peu, d’un "motton" qui n’avait pas été sorti depuis longtemps, raconte Duguay. Quand j’ai réalisé le premier album, j’étais déjà ailleurs dans ma vie. En fait, c’est comme s’il y avait 10 ans entre les deux disques." La collaboration d’autres artistes au projet – Alexandre Belliard, Alexandre Champigny et l’auteure Marie Hélène Poitras lui ont chacun offert un texte – n’est sans doute pas étrangère à ce changement. "C’était d’ailleurs un peu l’idée de ce deuxième disque de sortir de mon style et de mes réflexes. Souvent, comme artiste, on a tendance à répéter un peu les mêmes choses et à avoir nos obsessions. Ce que je trouve intéressant dans la rencontre créative, c’est d’aller vers d’autres zones, d’autres lieux."
On ne chasse cependant pas ses vieux fantômes du revers de la main. Certains restent, qu’on le veuille ou non. "L’enfance, c’est une de mes obsessions. Au lieu d’y aller dans la nostalgie, comme c’était le cas sur mon premier album, je me suis inspiré de l’enfance, admet Duguay à propos des textes de son dernier-né. Je trouve qu’il y a une sorte d’énergie très spéciale dans la façon dont les enfants abordent le monde. Ils ont une espèce de pureté, de liberté. Je ne dis pas que tous les enfants sont comme ça. Mais, dans ce que je vois, ils sont moins pris dans des contraintes d’adultes, moins conformistes. Ils ont un petit côté sauvage que je trouve intéressant."
Le Husky a par ailleurs eu le plaisir de réaliser une fantaisie de jeunesse en tournant son plus récent clip, La Maison hantée, qui raconte l’histoire de deux préadolescents allant s’amuser dans une demeure fréquentée par les esprits. "On était dans une maison située à deux heures de Montréal et qui a vraiment l’air d’une maison hantée. On ne l’a pas décorée. C’est une maison abandonnée depuis presque 30 ans. Et c’est un lieu assez intrigant, assez sale; rien n’a bougé depuis vraiment longtemps. Les enfants tripaient et je crois que ça paraît dans le clip. J’aime ça les lieux un peu différents. Ça fait un décor inspirant. Et j’ai toujours été attiré par l’étrangeté. Quand j’étais jeune, les maisons hantées, ça me fascinait pour vrai. C’était comme un fantasme d’enfance d’aller en visiter une!"
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Dumas, Carl-Éric Hudon, Malajube