Luc De Larochellière : La route est longue

On ne l’a pas assez dit: le dernier opus de Luc De Larochellière est une pure merveille. Un toi dans ma tête, avec ses moments déchirants, envoûtants et pudiques, a toutes les chances de plaire aux amateurs de Monsieur Mono ou du Mano Solo première époque. Des chansons comme on crie en silence. L’amour brutal, celui qui fait mal. La musique est à l’avenant: sobre, avec des archets et des cordes qui appuient sur le point sensible. Pas de pathos, de la sincérité.

On téléphone à l’artiste au Nouveau-Brunswick où une journaliste l’attend pour une entrevue. Il prend néanmoins le temps de répondre sans hâte. La route a été longue pour lui, avec des débuts fulgurants en succès populaires, puis progressivement, un public plus réduit: "Ça fait quand même 25 ans que je vis de la musique. C’est assez fréquent qu’un chanteur marche fort au début, avec l’impact de la nouveauté, sa façon de faire des chansons plaît aux gens. Une hype peut arriver. Comme une histoire d’amour, avec son côté passionnel. On fait des shows, on vend beaucoup de disques."

Mais le public qui le suivait, au point de savoir les paroles par coeur, comment s’éloigne-t-il? Est-ce que les médias y jouent un rôle? "Mon troisième album est celui qui avait eu les meilleures critiques, mais c’est à ce moment que mes ventes ont commencé à chuter… Je n’associe pas cette baisse à la qualité de l’écriture. Mais j’ai toujours gardé un bassin de fans."

Fin des années 90, la route est de plus en plus dure pour lui. Mais, depuis son album de duos en 2006, les gens reviennent vers lui petit à petit. En août 2009, la sortie d’Un toi dans ma tête est un choc. Beauté perdue ouvre le disque en grand sur le thème de la rupture amoureuse. Une collection de chansons personnelles d’immense qualité avec en tête Comme un beau soir de neige, dans laquelle pénètre la lumière. Un opus comme un journal intime. Les critiques applaudissent à tout rompre. Le public suit.

On ne peut que se réjouir de sa décision de chanter intégralement Un toi dans ma tête dans sa tournée actuelle: "Pour faire plaisir aux gens, on est aussi allé piger dans les morceaux plus connus, mais en respectant l’esprit du nouvel album. Créer un univers qui tienne autour de ça. Je reprendrai aussi une chanson, La Mauvaise Herbe, que j’avais écrite pour Marie Carmen, qu’elle a mise sur son dernier disque. Je l’aimais beaucoup, mais comme elle venait de la faire, je ne l’ai pas incluse sur le mien."

Le moment idéal pour sortir son premier album enregistré en concert? "Beaucoup de gens m’en parlent, à cause de la formule, les vieilles qui sont revisitées… Il y a une unité dans le show. Mais moi je me questionne sur la viabilité d’un disque live aujourd’hui… Je ne dis pas non, mais pas oui non plus." Chose certaine, on a tout lieu de croire que cette tournée sera comme un beau soir d’automne, avec la neige en option, mais de la pluie, assurément.

Le 12 novembre, à 20 h
Au Gesù
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